Méditations sur les enseignements bibliques pour le quotidien d'aujourd'hui
17 Février 2011 Pensées
Souffrances
Les mêmes souffrances unissent mille fois plus que les mêmes joies.
– Alphonse de Lamartine (1790-1869)
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Partager des souffrances similaires rapproche les personnes. La souffrance met à nu, elle révèle notre vulnérabilité, elle incite à la solidarité, à recourir au support des autres. La souffrance, aussi pénible puisse-t-elle être, a au moins comme effet bénéfique de rapprocher les gens, ceux qui n’en sont pas affectés se laissant toucher par le sort de ceux qui en sont victimes, leur apportant réconfort et compassion. On ne peut malheureusement en dire autant de la joie qui, même partagée, peut susciter l’envie, ce qui n’est évidemment pas le cas de la souffrance. De plus, quand les choses vont bien, nous avons tendance à moins nous soucier des autres, ne serait-ce que parce que leur présence à nos côtés est moins vitale que lorsque surviennent les épreuves.
Dieu voulant s’unir plus intimement à l’homme, non seulement en a-t-il assumé la chair dans la personne de Jésus mais, plus important encore, a partagé sa souffrance par la mort sur la croix. Jésus reprend vivement Pierre qui s’oppose au plan de Dieu : « Pour la première fois, il leur enseigna qu'il fallait que le Fils de l'homme souffre beaucoup, qu'il soit rejeté par les anciens, les chefs des prêtres et les scribes, qu'il soit tué, et que, trois jours après, il ressuscite. Jésus disait cela ouvertement. Pierre, le prenant à part, se mit à lui faire de vifs reproches. Mais Jésus se retourna et, voyant ses disciples, il interpella vivement Pierre : “ Passe derrière moi, Satan ! Tes pensées ne sont pas celles de Dieu, mais celles des hommes. ” » (Mc 8, 31-33). Je ne crois pas qu’il faille rechercher la souffrance, ce qui serait du masochisme. Par contre, je ne crois pas non plus que l’on doive se détourner de la souffrance qui s’impose à nous, qu’il faille chercher à l’éviter à tout prix (notamment en abrégeant nos jours), puisque au-delà de la douleur qu’elle provoque, la souffrance assumée a des effets bénéfiques, notamment de nous rapprocher des autres et de Dieu et, offerte en communion avec le sacrifice de Jésus sur la croix, elle se voit conférer une valeur rédemptrice : « En ce moment je trouve ma joie dans les souffrances que j'endure pour vous, et je complète en ma chair ce qui manque aux épreuves du Christ pour son Corps, qui est l'Église » (Col 1, 24). La souffrance, à l’image du « Christ crucifié, scandale pour les Juifs et folie pour les païens » (1 Co 1, 23), peut-elle devenir cause effective de salut, « ce qu'il y a de fou dans le monde, voilà ce que Dieu a choisi pour confondre les sages; ce qu'il y a de faible dans le monde, voilà ce que Dieu a choisi pour confondre ce qui est fort » (1 Co 1, 27).