Chair et Esprit

Chair et Esprit

Frères, je vous le dis : vivez sous la conduite de l’Esprit de Dieu ; alors vous n’obéirez pas aux tendances égoïstes de la chair. Car les tendances de la chair s'opposent à l'esprit, et les tendances de l'esprit s'opposent à la chair. En effet, il y a là un affrontement qui vous empêche de faire ce que vous voudriez. Mais en vous laissant conduire par l'Esprit, vous n'êtes plus sujets de la Loi. On sait bien à quelles actions mène la chair : débauche, impureté, obscénité, idolâtrie, sorcellerie, haines, querelles, jalousie, colère, envie, divisions, sectarisme, rivalités, beuveries, gloutonnerie et autres choses du même genre. Je vous préviens, comme je l'ai déjà fait : ceux qui agissent de cette manière ne recevront pas en héritage le royaume de Dieu. Mais voici ce que produit l'Esprit : amour, joie, paix, patience, bonté, bienveillance, foi, humilité et maîtrise de soi. Face à tout cela, il n'y a plus de loi qui tienne. Ceux qui sont au Christ Jésus ont crucifié en eux la chair, avec ses passions et ses tendances égoïstes. Puisque l'Esprit nous fait vivre, laissons-nous conduire par l'Esprit.

Épître aux Galates 5,16-25

Chair et Esprit s’opposent. Qui veut participer à la vie dans l’Esprit, à l’instar des apôtres à la Pentecôte, doit crucifier en lui la chair, avec ses passions et ses tendances égoïstes, mourir à ce monde qui aura une fin pour naître à la vie qui n’aura pas de fin. Je laisse ici la parole à Raniero Cantalamessa qui exprime mieux que je ne saurais le faire, dans son livre Viens Esprit Créateur, l’absolue nécessité de vaincre la chair pour avoir part à la vie dans l’Esprit :

C’est justement dans le fait de mourir à la chair que l’on peut expérimenter la vie nouvelle de l’Esprit; c’est dans la mesure où l’on se configure au Crucifié que l’on participe à la vie du Ressuscité dans l’attente de la situation finale, quand il n’y aura plus aucun conflit, puisqu’un des deux éléments, la « chair », aura disparu.

Il ne s’agit pas de sacrifier un élément de l’homme au profit de l’autre, mais de les sauver tous les deux. La chair elle-même ne peut être sauvée que par l’esprit et si celui-ci est sauvé. Dans ses dialogues entre l’âme et le corps, sainte Catherine de Gênes montre bien qu’il est impossible de satisfaire à la fois tous les besoins du corps et tous les besoins de l’esprit : de deux choses l’une, soit le corps soumet l’âme à ses exigences, soit l’âme impose au corps les siennes. Dans ces dialogues l’âme dit au corps : si tu fais ce que je veux, nous sommes sauvés tous les deux pour toujours, si je fais ce que tu veux, nous serons tous les deux perdus pour toujours.

Voilà le fondement de l’ascèse qui n’appartient pas seulement au christianisme, mais est présente sous des formes diverses dans toutes les grandes religions : on ne peut vivre selon l’esprit sans mortifier le corps et ses exigences insatiables.