Méditations sur les enseignements bibliques pour le quotidien d'aujourd'hui
15 Janvier 2011 Pensées
Devenir
L'important c'est d'être prêt à tout moment à sacrifier ce que nous sommes pour ce que nous pourrions devenir.
– Charles Du Bos (1882-1939)
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Le contentement de soi et la paresse constituent les principaux obstacles susceptibles d’entraver notre progression vers la réalisation de notre potentiel. Comme il est tentant de se considérer rendus à destination quand nous n’avons, de fait, que franchi une étape. Progresser signifie un perpétuel renoncement à ce que nous sommes pour nous ouvrir au meilleur de ce que nous pourrions devenir et une prédisposition à consentir aux efforts et aux sacrifices requis pour y parvenir. Changer (pour le meilleur) n’est jamais facile, surtout qu’il se trouvera toujours des gens qui, pour diverses raisons, chercheront à nous en dissuader.
Nous retrouvons cette disponibilité à changer d’existence chez les disciples de Jésus. Jésus aperçut Lévi assis à son bureau de publicain (collecteur d'impôts). Il lui dit : « Suis-moi. » L'homme se leva et le suivit (Mc 2, 14). Il s’est immédiatement rendu disponible comme avant lui Simon, André, Jacques et Jean qui avaient tout laissé sitôt appelés par Jésus (Mc 1, 16-20). Cela semble avoir été facile. Pourtant rien n’est moins sûr ! Marc après avoir parlé de la décision de Lévi nous fait part de l’indignation des scribes des pharisiens de voir Jésus manger avec des publicains et des pécheurs, objections auxquelles Jésus répond : « Ce ne sont pas les gens bien portants qui ont besoin du médecin, mais les malades. Je suis venu appeler non pas les justes, mais les pécheurs » (Mc 2, 15-17). Nous pouvons en déduire que s’ils n’acceptaient pas de voir Jésus partager le même repas que des publicains, les scribes ont dû critiquer Jésus d’avoir choisi l’un de ceux-ci pour faire partie de son entourage immédiat (et aussi tenter de dissuader Lévi de le suivre). La réponse de Jésus est intéressante : « Je suis venu appeler non pas les justes, mais les pécheurs ». Dieu, qui «fait lever son soleil sur les méchants et sur les bons et tomber la pluie sur les justes et sur les injustes.» (Mt 5, 45), limiterait-il son appel à certains ? Certes pas ! Mais, seuls ceux qui ne se croient pas justes, donc arrivés à destination, sont susceptibles d’y donner suite, de se rendre disponibles. Si l’appel est universel, la réponse favorable, quant à elle, semble ne provenir que de ceux apparemment les plus éloignés du but si bien que seuls ceux-ci paraissent avoir été appelés, à preuve le jeune homme riche qui a reçu pareille invitation de Jésus à le suivre et qui s’est récusé en dépit de son désir d’accéder à la vie éternelle (Mt 16, 19-22).
Dans quelle mesure sommes-nous prêts à consentir à avancer dans l’inconnu pour que se manifeste tout notre potentiel et, si nous sommes spirituels, que se révèle notre nature d’enfants de Dieu (Rm 8, 19) avec ce que cela comporte de positif pour la société à laquelle nous appartenons et même pour la création toute entière qui bénéficierait d’une attitude plus respectueuse à son égard ne serait-ce que par le respect du principe de la destination universelle des biens en vertu duquel il nous faut préserver l’environnement pour les générations futures ?