Méditations sur les enseignements bibliques pour le quotidien d'aujourd'hui
14 Janvier 2011 Pensées
Amitié
You can make more friends in two months by becoming genuinely interested in other people than you can in two years by trying to get other people interested in you.
– Dale Carnegie (1888-1955)
Vous pouvez vous faire plus d’amis en deux mois si vous vous intéressez sincèrement aux autres que vous ne le pourriez en deux ans à tenter d’amener les autres à s’intéresser à vous.
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Amitié : sentiment réciproque d’affection ou de sympathie qui ne se fonde ni sur les liens du sang, ni sur l’attrait sexuel (Dictionnaire le Petit Robert) et, pourrions-nous rajouter, ni sur quoi que ce soit dont puisse découler un avantage matériel quelconque. L’absence d’intérêt personnel est ce qui caractérise l’amitié véritable tout comme l’amour, d’ailleurs, qui est don de soi. Tenter d’attirer l’attention sur soi c’est chercher à satisfaire un besoin personnel affectif ou d’attention à travers ses relations et donc contraire à la nature des liens d’amitiés qui sont désintéressés. Qui cherche à se faire des amis doit démontrer plus sa capacité de donner que son besoin de recevoir, particulièrement cette attention qu’il souhaiterait tant pour lui-même et qu’il n’obtiendra que dans la mesure où il l’aura préalablement donnée aux autres.
L’une des belles pages des Évangiles est le récit des quatre hommes qui amènent [leur ami] paralysé à Jésus, descendant le brancard sur lequel il était couché par le toit, ne pouvant l’approcher autrement à cause de la foule. Jésus, voyant leur foi (celle des quatre amis et possiblement celle du paralysé) remets les péchés qui paralysent la vie spirituelle du grabataire avant de le libérer de la maladie qui l’immobilise physiquement (Mc 2, 1-12). J’aime ce récit car il montre la puissance de la prière d’intercession qui porte en quelque sorte les gens auxquels nous souhaitons du bien à Dieu, qui ému tant par la gratuité de l’amour qui scelle un tel geste que par la foi qui l’anime, donnera à son tour même bien plus que demandé comme au paralytique auquel a été accordé la guérison spirituelle en plus de la guérison physique qui avait été demandée. Souhaitons-nous l’amitié de Dieu, nous obtiendrons bien plus à prier pour les autres que pour nous-mêmes, Dieu, étant Amour (1 Jn 4, 8), ne laissant pas sans récompense les actes désintéressés de pur amour, à plus forte raison si les gens pour lesquels nous intercédons nous sont hostiles et que nous n’avons rien à espérer d’eux en retour : « bénissez ceux qui vous maudissent, priez pour ceux qui vous diffament » (Lc 6, 28).
Chiara Lubich (1920-2008), dans son livre Le Christ au cœur des siècles, rapporte un très bel extrait des propos de Laurent Justinien (1381-1455) qui soulignent l’importance de donner aux autres sur le plan spirituel : « Rien au monde en effet ne rend davantage gloire à Dieu et ne le rend plus digne de louange que l’humble échange des dons spirituels : la charité acquiert vigueur de tels dons, car elle ne peut fleurir dans la solitude, elle qui est heureuse de toujours distribuer, joyeuse de donner, non seulement ce qu’elle a, mais aussi elle-même entièrement, pour le bien des frères. C’est le précepte du Seigneur d’exercer sans cesse cette vertu, au moyen de la parole et des œuvres, envers nos frères. Ainsi donc, si nous ne voulons pas transgresser sa loi, si nous ne voulons pas être jugés comme des âmes qui méprisent le salut des frères et ne s’en occupent pas, que ceux qui ont reçu des grâces du ciel s’emploient et s’engagent à reverser sur les autres ces dons divins qui leur ont été communiqués, spécialement ceux qui peuvent les aider sur le chemin de la perfection ».
La prière d’intercession est le moyen ordinaire, et le plus facile, de mettre au bénéfice des autres les dons spirituels reçus, n’aurions-nous reçu que le minimum requis, à savoir la foi. Ce qui est merveilleux de cette prière est que rien ne nous empêche de voir grand : souhaitons-nous voir Dieu donner la force à un malade de supporter sa maladie, ou mieux encore de le guérir, étendons notre intercession à tous ceux qui souffrent du même mal dans le monde, désirons-nous voir Dieu libérer quelqu’un d’une dépendance, demandons-Lui en même temps d’intervenir en faveur de tous ceux qui sont esclaves du même mal… Il est vrai que nous ne voyons que rarement les résultats tangibles de nos prières. Demandons-nous une guérison physique comme les amis du paralytique, que Dieu, voyant un besoin plus criant du bénéficiaire de nos prières, lui accorde peut-être une faveur spirituelle comme il l’a fait dans un premier temps pour le paralytique. Que l’absence de résultats tangibles à nos prières ne nous démontent point ; c’est à cause de leur persévérance que les amis du paralytique ont réussi à amener ce dernier à Jésus et qu’il a pu obtenir la guérison souhaitée. Nous ne connaîtrons l’effet de nos prières d’intercession que lorsque nous quitterons cette vie pour entrer dans l’éternité. Je suis sûr que nous serons alors surpris de constater le nombre d’amis qui nous y attendront car ils faisaient partie de la foule de ceux pour lesquels nous avons prié.