Méditations sur les enseignements bibliques pour le quotidien d'aujourd'hui
8 Mars 2011 Pensées
Vivre
Il faut manger pour vivre, et non vivre pour manger.
– Socrate (470-399)
|
Trop souvent nous confondons moyens et fins de sorte qu’en accordant une importance démesurée aux moyens nous en venons à dévier de l’objectif, voire à l’occulter, nous privant de ce qui seul peut nous procurer le bonheur : la santé physique et émotionnelle, notre famille temporelle et spirituelle, Dieu…
Faire d’une fin ce qui ne constitue qu’un moyen et le vain gaspillage d’énergie qui en découle est fort bien illustré par cette petite histoire qu’un ami m’a fait parvenir il y a quelques années déjà :
Au bord de l'eau dans un petit village mexicain, un bateau rentre au port, contenant plusieurs thons. Un Américain complimente le pêcheur mexicain sur la qualité de ses poissons et lui demande combien de temps il lui a fallu pour les capturer. " Pas très longtemps ", répond le Mexicain." Mais alors, pourquoi n'êtes vous pas resté en mer plus longtemps pour en attraper plus? " demande l'Américain. Le Mexicain répond que ces poissons suffisent à subvenir aux besoins de sa famille. L'Américain demande alors : " Mais que faites-vous le reste du temps? " " Je fais la grasse matinée, je pêche un peu, je joue avec les enfants, je fais la sieste avec ma femme. Le soir, je vais au village voir mes amis. Nous buvons du vin et jouons de la guitare. J'ai une vie bien remplie. "
L'Américain l'interrompt : " J'ai un MBA de l'université de Harvard et je peux vous aider. Vous devriez commencer par pêcher plus longtemps. Avec les bénéfices dégagés, vous pourriez acheter un deuxième bateau, et ainsi de suite jusqu'à ce que vous possédiez une flotte de chalutiers. Au lieu de vendre vos poissons à un intermédiaire, vous pourriez négocier directement avec l'usine, et même ouvrir votre propre usine. Vous pourriez alors quitter votre petit village pour Mexico City, Los Angeles, puis peut-être New York, d'où vous dirigeriez toutes vos affaires. Le Mexicain demande : " Combien de temps cela prendrait- il? "" 15 à 20 ans " répond l'Américain. " Et après? " " Après, c'est là que ça devient intéressant," répond l'Américain enthousiaste. " Quand le moment sera venu, vous pourrez introduire votre société en bourse et vous gagnerez des millions. " " Des millions? Mais après? " demande le pêcheur. " Après, eh bien vous pourrez habiter un petit village, faire la grasse matinée, pêcher un peu, jouer avec vos petits enfants, faire la sieste avec votre femme. Le soir, vous pourrez aller au village voir vos amis, boire du vin et jouer de la guitare."
Trop souvent, nous arrive-t-il de gaspiller temps et énergie à la recherche d’un bonheur pourtant à portée de main, bonheur que nous ignorons trop occupés que nous sommes à accumuler ce que nous considérons être des moyens pour y parvenir. Que de fois nous vivons pour manger, faisant des choses matérielles une fin alors qu’elles ne constituent que des moyens de parvenir au bonheur et à Dieu, plutôt que de manger pour vivre, d’utiliser les ressources immédiatement disponibles pour tenter de parvenir à l’objet de notre quête !
Jésus met en garde ses auditeurs contre la confusion des moyens et des fins lorsqu’il dit : « À César, rendez ce qui est à César, et à Dieu, ce qui est à Dieu » (Mc 12, 17), lui qui cherchait à élever leurs pensées jusqu’à Dieu au-delà des préoccupations matérielles immédiates : « Voilà pourquoi je vous dis: Ne vous inquiétez pas pour votre vie de ce que vous mangerez, ni pour votre corps de quoi vous le vêtirez. Car la vie est plus que la nourriture, et le corps plus que le vêtement » (Lc 12, 22-23), la vie de l’homme se prolongeant dans l’éternité, lorsque se terminera son exil dans ce corps charnel et corruptible, comme le pressentait Abraham Lincoln : « Dieu n’aurait sûrement pas créé un être tel que l’homme pour n’exister qu’un jour ! Non, Non, l’homme a été fait pour l’immortalité ». Dans la même veine, l’apôtre Paul nous exhorte d’ailleurs à faire de Dieu le terme de toutes nos actions : « Soit donc que vous mangiez, soit que vous buviez, et quoi que vous fassiez, faites tout pour la gloire de Dieu » (1 Co 10, 31). Le même apôtre nous met en garde de confondre fins et moyens (serait-ce l’observance stricte de la Loi) dans les choses spirituelles elles-mêmes, lui qui a certainement reconnu son erreur d’approuver le meurtre d’Étienne au nom de Dieu en contradiction flagrante avec la volonté divine qui est l’amour, amour qui devrait être la finalité recherchée par nos actes : « ce n'est pas en observant la Loi que l'homme devient juste devant Dieu, mais seulement par la foi en Jésus Christ…j'ai cessé de vivre pour la Loi afin de vivre pour Dieu » (Ga 2, 16.19).
Profitons du temps de grâces que se veut le carême, carême qui débutera demain, pour examiner ce qui, dans nos vies, est de nature à nous détourner des fins visées, particulièrement de Dieu et de son plan de salut qui n’est autre chose qu’un plan d’amour pour tout homme et pour tous les hommes.