Gagnants

Les gagnants n’empruntent pas la voie de la facilité. Ils se distinguent par leur intensité, leur ingéniosité, l’attention qu’ils portent aux moindres détails. Ils s’astreignent à une discipline stricte qui ne tolère de relâchement que dans les nécessaires périodes de récupération auxquelles ils se soumettent bien qu’ils aient parfois le goût de continuer. Ils évitent de prendre des raccourcis come la tricherie qui, bien qu’ils puissent les propulser vers les sommets, ne sauraient les y maintenir sur de longues périodes quand bien même ce ne serait que parce que l’astuce sera éventuellement découverte et dénoncée, ce qui les discréditerait. Le talent compte certes pour beaucoup dans le succès, mais plus nous progressons, quel que soit notre champ d’activité, plus nous nous retrouvons en compagnie de personnes ayant des capacités similaires aux nôtres, de sorte que c’est l’effort qui permet de se distinguer. La marge est parfois bien mince entre gagnants et perdants. Je m’étonne notamment de voir certains athlètes se « ménager » dans les séances d’entraînement : tant qu’à être présent pourquoi ne pas donner le meilleur de soi-même ? Dans les activités qui se réalisent en équipe, cela me désole de voir certaines personnes, généralement parmi les plus talentueuses, donner préséance à leur intérêt personnel et refuser le rôle qu’on leur assigne et dans lequel elles seraient le plus utiles au groupe, handicapant du fait la performance de ce dernier.

Il n’en va pas autrement de la vie spirituelle. « Entrez par la porte étroite. Large, en effet, et spacieux est le chemin qui mène à la perdition, et il en est beaucoup qui s'y engagent; mais étroite est la porte et resserré le chemin qui mène à la Vie, et il en est peu qui le trouvent » (Mt 7, 13-14), nous dit Jésus. L’apôtre Paul n’hésite pas à comparer le spirituel à un athlète : « Tout athlète se prive de tout; mais eux, c'est pour obtenir une couronne périssable, nous une impérissable » (1 Co 9, 25). Si l’effort permet de se distinguer dans le monde matériel, c’est toutefois l’intensité de l’amour qui fait toute la différence dans l’ordre spirituel. L’amour de l’autre incite à prêter attention au moindre détail, permet de consentir des efforts sans ressentir la fatigue… Cet Autre est-il Dieu, que l’amour porte à s’effacer pour ne se considérer qu’un outil entre ses mains, un membre quelconque de son corps qui est l’Église, à Lui rendre gloire pour les résultats obtenus, ce qui L’inclinera à féconder notre humble contribution et lui faire porter du fruit en abondance. « Sans l’amour, je ne suis que cymbale qui retentit » (1 Co 13, 1).