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Méditations sur les enseignements bibliques pour le quotidien d'aujourd'hui

Obéissance

 

Obéissance

 

Résistance et obéissance, voilà les deux vertus du citoyen. Par l'obéissance il assure l'ordre; par la résistance il assure la liberté.

 

  Émile-Auguste Chartier, dit Alain  (1868-1951), Propos d’un Normand 

 

 

L’obéissance, voilà une vertu qui reçoit bien peu de considération dans un monde où on a élevé la liberté individuelle au pinacle de l’échelle des valeurs, un monde qui met l’emphase plus sur les droits que les citoyens ont à faire valoir que sur leurs devoirs et responsabilités. Il n’est pas étonnant dans un tel contexte, où prévaut la loi du plus fort et où le bien commun perd sa primauté au bénéfice de la recherche du bien-être individuel, que les valeurs éthiques soient mises à mal.

 

Quel prix Dieu accorde-t-il à l’obéissance ? Il la place sur un pied d’égalité avec l’amour dont elle est indissociable. On obéit parce qu’on aime Dieu et les hommes. Point d’obéissance possible sans amour et, inversement, il n’y a pas d’amour sans réponse favorable aux désirs et demandes de l’autre. L’apôtre Paul, dans son épître aux Philippiens, identifie cette vertu et l’humilité qu’elle présuppose comme causes de l’exaltation du Christ par le Père : « Lui, de condition divine, ne retint pas jalousement le rang qui l'égalait à Dieu. Mais il s'anéantit lui-même, prenant condition d'esclave, et devenant semblable aux hommes. S'étant comporté comme un homme, il s'humilia plus encore, obéissant jusqu'à la mort, et à la mort sur une croix! Aussi Dieu l'a-t-il exalté et lui a-t-il donné le Nom qui est au-dessus de tout nom » (Ph 2, 6-9).  On rapporte même que des religieux gratifiés de visions du Christ se seraient fait dire par ce dernier qu’il leur était plus bénéfique de se soumettre aux ordres de leurs supérieurs que de répondre favorablement à une demande qu’il leur aurait faite si les deux venaient à s’opposer.

                                       

Il n’est pas étonnant que le même Paul fasse l’éloge de l’obéissance dans sa lettre aux Éphésiens, discours qui peut paraître rétrograde aux yeux de plusieurs de nos contemporains. Ce texte est bien équilibré. S’il met en évidence le devoir d’obéissance envers l’autorité, il n’oublie pas de mentionner que ceux qui se sont vus confiés cette autorité ont également des devoirs envers leurs obligés et sont en partie responsable de l’obéissance de ces derniers en prenant garde de ne pas leur imposer un fardeau plus lourd que requis. « Frères, par respect pour le Christ, soyez soumis les uns aux autres. Vous, les enfants, obéissez à vos parents dans le Seigneur, c'est cela qui est juste : Honore ton père et ta mère, c'est le premier commandement assorti d'une promesse : ainsi tu seras heureux et tu auras longue vie sur la terre. Et vous, les parents, ne poussez pas à bout vos enfants, mais élevez-les en leur donnant une éducation et des avertissements inspirés par le Seigneur. Vous, les esclaves, obéissez à vos maîtres d'ici-bas comme au Christ, avec crainte et tremblement, dans la simplicité de votre cœur, sans chercher à vous faire remarquer par souci de plaire aux hommes. Au contraire, conduisez-vous comme des esclaves du Christ qui accomplissent la volonté de Dieu de tout leur cœur, qui font leur travail d'esclaves volontiers, pour le Seigneur et non pour les hommes. Car vous savez bien que tout homme, esclave ou libre, recevra du Seigneur sa récompense selon ce qu'il aura fait de bien. Et vous, les maîtres, agissez de même avec vos esclaves, n'utilisez pas les menaces. Car vous savez bien que, pour eux comme pour vous, il y a un Maître dans le ciel, et qu'il ne fait pas de différence entre les hommes. » (Ép 6, 1-9).

 

Le catéchisme de l’Église catholique souligne le devoir du spirituel de se soumettre aux autorités civiles : Ceux qui sont soumis à l’autorité regarderont leurs supérieurs comme représentants de Dieu qui les a institués ministres de ses dons (CEC 2238). L’apôtre Paul justifie cette soumission par l’argument que l’autorité a été confiée par Dieu ou, à tout le moins, permise par Lui : « Que chacun se soumette aux autorités en charge. Car il n'y a point d'autorité qui ne vienne de Dieu, et celles qui existent sont constituées par Dieu. Si bien que celui qui résiste à l'autorité se rebelle contre l'ordre établi par Dieu » (Rm 13, 1-2), conviction qui prend sa source dans les paroles de Jésus à Pilate : « Tu n'aurais aucun pouvoir sur moi, si cela ne t'avait été donné d'en haut » (Jn 19, 11).

 

L’obéissance a toutefois des limites que le catéchisme évoque au paragraphe 2242 :

 

Le citoyen est obligé en conscience de ne pas suivre les prescriptions des autorités civiles quand ces préceptes sont contraires aux exigences de l’ordre moral, aux droits fondamentaux des personnes ou aux enseignements de l’Évangile. Le refus d’obéissance aux autorités civiles, lorsque leurs exigences sont contraires à celles de la conscience droite, trouve sa justification dans la distinction entre le service de Dieu et le service de la communauté politique. " Rendez à César ce qui appartient à César, et à Dieu ce qui appartient à Dieu " (Mt 22, 21). " Il faut obéir à Dieu plutôt qu’aux hommes " (Ac 5, 29) :

 

Si l’autorité publique, débordant sa compétence, opprime les citoyens, que ceux-ci ne refusent pas ce qui est objectivement demandé par le bien commun. Il leur est cependant permis de défendre leurs droits et ceux de leurs concitoyens contre les abus du pouvoir, en respectant les limites tracées par la loi naturelle et la loi évangélique (GS 74, § 5).

 

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