Pardon

Le pardon constitue l’acte le plus noble que l’homme puisse poser car il s’agit là d’un attribut divin, d’une caractéristique qui découle de sa nature qui est Amour, C’est pourquoi le Seigneur dit à Isaïe : je pardonne tes révoltes, à cause de moi-même. Certains considèrent à tort le pardon comme un signe de faiblesse qu’il est possible d’exploiter à leur propre profit. Il ne faut pas s’arrêter à cela car ce serait renoncer à une force créatrice : voici que je fais un monde nouveau ; à une formidable source d’espérance : il germe déjà, ne le voyez-vous pas ?

Quand les scribes disent : « Qui donc peut pardonner les péchés, sinon Dieu seul ? » (Mc 2, 7), ils n’ont pas tout faux, car tout pardon trouve son origine en Dieu. De plus, comme seul celui qui a été offensé peut pardonner, le péché constituant une offense contre Dieu, « mon péché, moi, je le connais, ma faute est devant moi sans relâche; contre Toi, Toi seul, j'ai péché, ce qui est coupable à tes yeux, je l'ai fait » (Ps 51, 5-6), il n’y a que Dieu seul qui puisse le pardonner. La seule méprise des scribes est de ne pas avoir reconnu la présence de la divinité en Jésus. Ce pardon des péchés, Jésus l’a délégué à ses apôtres et à leurs successeurs qui l’exercent via le sacrement de Réconciliation pour notre plus grand bénéfice : « En vérité je vous le dis: tout ce que vous lierez sur la terre sera tenu au ciel pour lié, et tout ce que vous délierez sur la terre sera tenu au ciel pour délié » (Mt 18, 18).

Si l’offense nous concerne directement, nous devons pardonner non seulement pour nous conformer au commandement de l’amour du prochain qui nous demande de pardonner jusqu'à soixante-dix fois sept fois (Mt 18, 21) mais parce qu’il s’agit également du moyen le plus sûr de faire cesser ses effets néfastes sur notre existence et notre relation avec Dieu. Cela semble-t-il au-delà de nos capacités qu’il faut demander à la Source de l’amour de venir guérir en nous ce qui se refuse à ce pardon si vital, voire de pardonner à notre place. Le sacrement de Réconciliation m’apparaît l’endroit le plus approprié pour adresser à Dieu une telle demande. Enfin, il y a des offenses qui nous blessent indirectement comme le tort causé à un ami ou à des membres d’un groupe auquel nous appartenons. Si nous ne pouvons pardonner le tort causé aux personnes directement visées, nous devons en revanche pardonner à leur auteur le mal subi par associativité sans quoi ce mal nous rongera tout autant que si nous avions été les personnes directement affectées par lui. Le pardon est le plus sûr, pour ne pas dire l’unique, moyen d’empêcher le mal de se répandre. Ne nous privons pas d’une arme aussi efficace !