Méditations sur les enseignements bibliques pour le quotidien d'aujourd'hui
13 Juin 2010 Pensées
Rien à perdre
Il est toujours désavantageux de combattre celui qui n'a rien à perdre.
– François Guichardin (1483-1540)
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L’audace des gens qui n’ont rien à perdre ne connaît pas de bornes car il leur est virtuellement impossible de descendre plus bas encore. Leur peu devient leur principal actif, la clé qui permet d’ouvrir des portes que les mieux nantis n’oseraient point ouvrir de peur de se voir déposséder d’une part de ce dont ils tirent leur assurance.
L’évangile du jour (Luc 7, 36-50.8, 1-3) voit Simon le pharisien se mettre en opposition à la femme pécheresse qui a mouillé les pieds de Jésus de ses larmes et les a essuyés de ses cheveux en plus de les embrasser. Ce geste était doublement audacieux puisqu’elle n’a pas craint de paraître ridicule ni de se voir repousser par Jésus car il était interdit dans la religion de l’époque d’entrer en contact avec des personnes ou des objets impurs. Cette audace lui ouvre les portes du salut : « Tes péchés sont pardonnés. Ta foi t'a sauvée. Va en paix ! » Quant à Simon qui juge sévèrement Jésus, « Si cet homme était prophète, il saurait qui est cette femme qui le touche, et ce qu'elle est : une pécheresse », il se voit reprocher avec une grande délicatesse son manque d’amour : « Tu vois cette femme ? Je suis entré chez toi, et tu ne m'as pas versé d'eau sur les pieds ; elle, elle les a mouillés de ses larmes et essuyés avec ses cheveux. Tu ne m'as pas embrassé ; elle, depuis son entrée, elle n'a pas cessé d'embrasser mes pieds. Tu ne m'as pas versé de parfum sur la tête ; elle, elle m'a versé un parfum précieux sur les pieds. » Jésus lui indique même subtilement que s’il ne montre pas davantage d’amour que son accès au salut est compromis : « Je te le dis : si ses péchés, ses nombreux péchés, sont pardonnés, c'est à cause de son grand amour. Mais celui à qui on pardonne peu montre peu d'amour ». Quand on sait que l’amour est la clé qui ouvre les portes de la vie éternelle, on se rend compte du revirement de situation alors que celui qui se croyait en position de force se retrouve dans un état précaire et que s’en retourne justifiée celle qui semblait perdue.
Montrons-nous miséricordieux envers ceux qui se retrouvent en position de faiblesse. Non seulement cela nous évitera-t-il de nous condamner nous-mêmes comme David « Cet homme (que tu condamnes), c'est toi ! » (Sam 12, 7), mais encore l’amour que nous montrerons envers les faibles nous ouvrira-t-il les portes du salut. Évitons de tenter de nous justifier en nous appuyant sur la position de faiblesse apparente de ceux qui sont tombés car notre manque d’amour creuserait alors notre propre fosse. Vraiment, il ne peut être que désavantageux de combattre ceux qui n’ont rien à perdre…