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Méditations sur les enseignements bibliques pour le quotidien d'aujourd'hui

Se faire aimer

 

 

Se faire aimer

 

L'écrivain écrit pour être aimé. Il est lu sans pouvoir l'être.

 

  Jules Renard   (1864-1910) 

 

 

Si le mobile de nos actes est de nous faire aimer, nous nous exposons à bien des déceptions. Certes, l’amour doit inspirer notre agir mais un amour qui émane de nous, l’amour que nous ressentons pour les autres et de ce que nous accomplissons, et non pas un amour que nous chercherions à obtenir pour nous. Chercher à plaire constitue une mission bien périlleuse : d’une part, même les actions les mieux intentionnées ne sont pas toujours bien accueillies, les goûts et préférences d’autrui étant bien aléatoires, d’autre part, cela signifie bien souvent agir d’une façon non conforme à sa personnalité propre, le manque d’authenticité qui en résulte, s’il peut charmer sur le moment,  provoque à plus longue échéance une réaction contraire à celle anticipée car nous ne plaisons jamais autant que lorsque lorsque nos actes manifestent notre être profond.

 

Chercher l’amour ou l’admiration des autres n’a pas sa place dans le monde spirituel. L’amour désiré par Dieu est discret et serviable, n’a d’autre but que le bien de l’autre : « la charité est serviable; elle n'est pas envieuse; la charité ne fanfaronne pas, ne se gonfle pas; elle ne fait rien d'inconvenant, ne cherche pas son intérêt » (1 Co 13, 4-5). Jésus nous adresse cet avertissement : « Gardez-vous de pratiquer votre justice devant les hommes, pour vous faire remarquer d'eux; sinon, vous n'aurez pas de récompense auprès de votre Père qui est dans les cieux » (Mt 6, 1). Le spirituel doit donc non seulement agir de façon gratuite, sans rien espérer en retour, mais également de manière à ne pas attirer l’attention sur lui de crainte d’amoindrir la valeur de ses actes aux yeux de Dieu, ce qui est tout le contraire de celui qui cherche à être aimé. L’amour et la grâce de Dieu suffisent (2 Co 12, 9) au spirituel qui se garde de chercher dans le moins-que-parfait ce qu’il trouve en plénitude dans Celui qui l’a aimé le premier (1 Jn 4, 19). L’amour véritable c’est faire passer l’autre, Dieu, avant ses besoins et ses désirs, ce qui est mortifiant : « Si quelqu'un veut marcher derrière moi, qu'il renonce à lui-même, qu'il prenne sa croix, et qu'il me suive. Car celui qui veut sauver sa vie la perdra ; mais celui qui perdra sa vie pour moi et pour l'Évangile la sauvera » (Mc 8, 34-35). Cela peut même consister à l’occasion à déplaire : « tu n'hésiteras pas à réprimander ton compagnon, et ainsi tu ne partageras pas son péché » (Lv 19, 17), geste qui doit cependant être posé avec charité dans le but d’aider et non de condamner, mais qui, malgré tout le doigté et la charité de celui qui s’acquitte de ce pénible devoir, ne lui attire bien souvent qu’animosité, personne n’appréciant se faire reprendre. Ne reconnaît-on pas l’ami véritable à sa capacité de nous dire les choses que nous préférerions ne point entendre ? Inversement, il y a lieu de douter de l’amitié de ceux qui approuvent sans hésitation (« rubber stamp ») tout ce que nous pouvons dire ou faire.

 

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