Surcharge d'informations

 Spécialiste des technologies de l’information, je ne puis que m’inscrire en faux contre cette opinion à l’effet que la surcharge d’informations n’existerait pas et que le problème résiderait uniquement dans la capacité de traitement du sujet. Les limites, si élevées puissent-elles être pour certains, font partie de la nature humaine. Si l’être humain est la finalité du monde créé, on ne doit pas envisager la situation comme s’il était le problème, auquel cas elle serait sans issue, mais plutôt comme une donnée incontournable dans la recherche de solutions. À de nombreuses reprises au fil de ma carrière, par souci de transparence, j’ai exaucé les demandes de ceux pour qui croyaient qu’un accès plus grand aux données plutôt qu’en fonction de leur pertinence allait mieux les renseigner avec pour résultat que la surcharge qui en résultait les incitait à demander quelque temps après de revenir à leur situation antérieure où l’information était préalablement filtrée en fonction de leurs besoins.

La surcharge d’informations ne se limite pas au monde du travail mais constitue une réalité de la vie quotidienne du monde contemporain dans son ensemble. Le défi n’est plus d’accéder à l’information mais d’en établir la véracité et de pouvoir discerner celle qui est pertinente de celle qui ne l’est pas,  Difficile de se forger une opinion éclairée quand on croule sous un flot d’informations divergentes. On ne s’étonnera pas dans ce contexte de la popularité des sondages d’opinion où, à défaut de pouvoir se faire une opinion éclairée, la conscience démissionne et s’en remet largement à la perception de la majorité pour établir sa position. Non seulement le volume excessif d’informations rend-il difficile la recherche de la vérité mais encore désensibilise-t-il ceux qui y ont accès. Ainsi, est-il reconnu que l’exposition continue à des images de violence conduit à considérer celle-ci comme étant de plus en plus banale, normale.

Le spirituel est confronté aux mêmes défis. Aussi s’en remet-il à des sources dignes de foi comme les saintes Écritures, la Tradition et l’Église au sujet de laquelle Jésus a d’ailleurs promis que la puissance de la Mort (et du mensonge) ne l'emportera pas sur elle (Mt 16, 18). Cela ne diminue cependant en rien la responsabilité du fidèle de s’efforcer de discerner le bien du mal au moyen de sa raison éclairée par l'Esprit Saint, le Paraclet, que le Père enverra en mon nom, lui, qui vous enseignera tout (Jn 14, 26). Enfin, personne n’ayant vu Dieu (Jn 1, 18), le croyant doit-il prendre garde de créer un Dieu à son image, selon ses désirs, et de soumettre ses intuitions et ses actions au discernement d’un guide spirituel sûr. Pour le chrétien, la source ultime de lumière demeure le Christ « Chemin, Vérité et Vie » (Jn 14, 6) auquel il communie par l’Eucharistie.