Tradition

Il existe deux types de traditions : l’une est fidélité aux valeurs fondamentales d’une entité, qu’elle soit civile ou religieuse, valeurs desquelles ladite entité s’expose à disparaître si elle se risque à en déroger, l’autre est attachement aux moyens de traduire ces valeurs dans la réalité du quotidien, moyens qui évoluent dans le temps car l’environnement change et qui, si on se refuse à les remettre en question, risquent de mettre en péril la survie de l’entité, qu’ils desservaient pourtant bien au départ, parce qu’ils ne conviennent plus à la situation présente. Pour distinguer entre les deux, entre l’essentiel et l’accessoire, cela requiert du discernement. Beaucoup de personnes, voyant évoluer des moyens accessoires qu’elles prenaient à tort pour des vérités immuables, en viennent à remettre en question des valeurs fondamentales suite au constat effectué que le monde évolue. Afin de se former une opinion sur ce qui peut et doit changer par rapport à ce qui ne peut être remis en cause, une question s’impose : Pourquoi en est-il ainsi ? Si nous sommes incapables d’expliquer les raisons fondamentales d’un comportement, il y a fort à parier qu’il n’a pas raison d’être. Quand j’agis comme consultant en gestion dans les organisations et qu’on me répond qu’on ignore la réponse ou que c’est parce qu’on a toujours fait de la sorte, je sais que je suis en présence d’un point potentiel d’amélioration. Il en arrive même, si on n’y prend garde, que les moyens viennent à contredire la fin qui devait être la fin poursuivie comme le dénote Jésus : Vous laissez de côté le commandement de Dieu pour vous attacher à la tradition des hommes.

À l’article 2, paragraphes 74 à 100, le Catéchisme expose les deux modes de transmission de la Vérité révélée : par écrit (les Écritures) et verbalement (la Tradition).  Les deux sources  sont reliées et communiquent étroitement entre elles. Car toutes deux jaillissent d’une source divine identique, ne forment pour ainsi dire qu’un tout et tendent à une même fin " (DV 9). L’une et l’autre rendent présent et fécond dans l’Église le mystère du Christ qui a promis de demeurer avec les siens " pour toujours, jusqu’à la fin du monde " (Mt 28, 20) (CEC 80). L’Église reconnaît en Jésus Christ la Parole définitive de Dieu, l’ultime Révélation qu’il fait de Lui-même, et fait de Lui et de ses enseignements le dépôt immuable de sa foi. Tout ce qui vient par la suite, l’évolution de la science aidant, ne peut que servir qu’à approfondir le contenu de cette Révélation et ne saurait pour quelque raison entrer en contradiction avec elle, sous peine de voir l’accessoire prendre le pas sur l’essentiel tel que dénoncé par Jésus. Je laisse à votre réflexion une citation de Bernard Le Bovier de Fontenelle: Non seulement nous n'avons pas les principes qui mènent au vrai, mais nous en avons d'autres qui s'accommodent bien avec le faux. Cherchons donc sans relâche la Vérité !