Vérité

La vérité, semblable à un torrent impétueux, ne peut être arrêtée. Contraint-on ses messagers au silence qu’elle se révélera par d’autres sources plus déterminées encore, car édifiées par l’exemple de ceux qui se sont battus pour elle avant eux. L’irritation et la violence physique ou verbale manifestées par ceux qui sont confrontés à des opinions contraires à la leur constitue l’une des façons de reconnaître ceux qui, sciemment ou non, sont dans l’erreur et le mensonge.

Cette Vérité est-elle Dieu que cela se veut encore plus pertinent. Comment peut-on prétendre utiliser la violence pour défendre les intérêts d’un Dieu qui est Amour ? De quelle autorité dispose celui qui cherche à contraindre les autres d’adopter sa vision de la spiritualité alors que Dieu laisse une liberté absolue à tous d’adhérer à Lui et à ses préceptes ? L’Église a-t-elle déjà adoptée une telle conduite à certains moments de son histoire qu’elle a erré elle aussi, non dans sa fin qui est Dieu, mais dans les moyens choisis par ceux qui se disaient en ces sombres époques les représentants autorisés de celui-ci.

Le livre des Maccabées dans la bible regorge d’exemples de personnes hardies qui n’ont pas hésité à souffrir et à mourir même pour la Vérité. Ainsi Éléazar, dans la sagesse de son âge avancé, connaissant toute la valeur de l’exemple de sa conduite dans le témoignage à rendre à la Vérité, refuse-t-il non seulement de consommer des viandes proscrites par la Loi mais également de faire semblant d’en manger, s’exposant ainsi à mourir : « Une telle comédie est indigne de mon âge. Car beaucoup de jeunes gens croiraient qu'Éléazar, à quatre-vingt-dix ans, adopte la manière de vivre des étrangers. À cause de cette comédie, par ma faute, ils se laisseraient égarer eux aussi ; et moi, pour un misérable reste de vie, j'attirerais sur ma vieillesse la honte et le déshonneur. Même si j'évite, pour le moment, le châtiment qui vient des hommes, je n'échapperai pas, vivant ou mort, aux mains du Tout-Puissant. C'est pourquoi, en quittant aujourd'hui la vie avec courage, je me montre digne de ma vieillesse, et, en choisissant de mourir pour nos vénérables et saintes lois, je laisse aux jeunes gens le noble exemple d'une belle mort. » (2 M 6, 24-28). Ce qui se produisit, le témoignage à la vérité ne faisant qu’irriter encore plus la violence : « Ayant ainsi parlé, il alla tout droit au supplice de la roue, mais ceux qui l'y conduisaient changèrent en malveillance la bienveillance qu'ils avaient eue pour lui un peu auparavant, à cause du discours qu'il venait de tenir et qui à leur point de vue était de la folie »  (2 M 6, 28-29).