Position et estime de soi

Rien n’est plus aléatoire qu’une position, qu’elle soit sociale ou dans une organisation. Mettre son estime dans sa position, c’est accorder préséance au paraître sur l’être et s’exposer à des lendemains qui déchantent quand les conditions nous ayant valu une certaine reconnaissance se seront estompées. On ne s’attribue pas une position, elle se reçoit et dans certains cas peut s’hériter des parents. Dans un groupe, elle s’octroie en fonction des besoins de la collectivité et de notre capacité à les satisfaire démontrée par des réalisations passées, par une formation appropriée ou même la seule confiance mise en nous. Les besoins ou la perception que les autres se font de nos capacités viennent-ils à changer que notre position évoluera pour le meilleur ou pour le pire, sans même parfois que nous n’y soyons pour quelque chose.

Le spirituel ne se préoccupe pas de sa position puisque seul l’amour lui importe. Jésus disait ensuite une parabole à l'adresse des invités, remarquant comment ils choisissaient les premiers divans; il leur disait: "Lorsque quelqu'un t'invite à un repas de noces, ne va pas t'étendre sur le premier divan, de peur qu'un plus digne que toi n'ait été invité par ton hôte, et que celui qui vous a invités, toi et lui, ne vienne te dire: Cède-lui la place. Et alors tu devrais, plein de confusion, aller occuper la dernière place. Au contraire, lorsque tu es invité, va te mettre à la dernière place, de façon qu'à son arrivée celui qui t'a invité te dise: Mon ami, monte plus haut. Alors il y aura pour toi de l'honneur devant tous les autres convives. Car quiconque s'élève sera abaissé, et celui qui s'abaisse sera élevé." (Lc 14, 7-11). Se voit-il accorder une position favorable qu’il y voit une responsabilité plus grande de servir ses semblables à l’image du Christ : « Vous savez que les chefs des nations dominent sur elles en maîtres et que les grands leur font sentir leur pouvoir. Il n'en doit pas être ainsi parmi vous: au contraire, celui qui voudra devenir grand parmi vous, sera votre serviteur, et celui qui voudra être le premier d'entre vous, sera votre esclave. C'est ainsi que le Fils de l'homme n'est pas venu pour être servi, mais pour servir et donner sa vie en rançon pour une multitude »  (Mt 20, 25-28). Le rétrograde-t-on qu’il voit sa responsabilité diminuer mais pas l’estime qu’il a de lui-même et qui lui vient exclusivement de son statut d’enfant de Dieu, que rien ni personne ne pourra lui enlever.