Obscurité

Fermer les yeux parce qu’il fait sombre ne nous aidera en rien à mieux voir. Tout au plus, cela nous empêchera-t-il de discerner une faible lueur si celle-ci venait à se manifester. Nier ou ignorer les problèmes auxquels nous sommes confrontés ne les fera pas disparaître, au mieux resteront-ils les mêmes, notre inaction risquant plutôt d’en accroître la gravité.

Nier l’existence de Dieu ou agir comme s’il n’existait pas, c’est se priver de la possibilité de le découvrir un jour. Plusieurs personnes ont découvert Dieu lorsqu’elles se sont écriées dans un moment de désespoir « Si tu existes manifestes-toi à moi! », une prière qui provenait du fonds de leur tripes et à laquelle Dieu n’es pas demeuré insensible. Certes ne leur est-il pas apparu car « l’homme ne peut Le voir et vivre » (Ex 33, 20) mais s’est-il manifesté d’une manière tangible, le plus souvent par l’intervention providentielle d’une autre personne. L’important est que ces personnes n’avaient pas entièrement fermé leurs yeux et, même si la foi leur faisait défaut, n’avaient pas totalement écarté la possibilité que Dieu puisse exister sans quoi elles n’auraient pas lancé leur vibrant appel.

Même dans les moments les plus sombres, ne laissons pas le désespoir fermer nos yeux. Si nous y sommes attentifs la lumière finira par se manifester. Peut-être pas de la manière dont nous nous y attendions ou que nous le souhaitions, mais une faible lueur est toujours préférable à l’obscurité totale. À nous de ne point ignorer les opportunités qui se présenteront inévitablement !

Les Juifs ont ignoré Jésus dans lequel les chrétiens reconnaissent le Messie attendu, la Lumière du monde, car ils attendaient une lumière qui aveuglerait leurs adversaires et leur permettrait de dominer le monde, alors que celle-ci s’est manifestée dans l’humilité de l’amour, dans le service et le don de soi jusqu’à la mort, révélant la nature de Dieu qui est Amour : « Lui, de condition divine, ne retint pas jalousement le rang qui l'égalait à Dieu. Mais il s'anéantit lui-même, prenant condition d'esclave, et devenant semblable aux hommes. S'étant comporté comme un homme, il s'humilia plus encore, obéissant jusqu'à la mort, et à la mort sur une croix! Aussi Dieu l'a-t-il exalté et lui a-t-il donné le Nom qui est au-dessus de tout nom » (Ph 2, 6-9).