Méditations sur les enseignements bibliques pour le quotidien d'aujourd'hui
24 Août 2009 Pensées
Marchés
The markets make a good servant, but a bad master, and a worse religion.
– Amory Lovins (1947- )
Les marchés constituent un bon serviteur mais un mauvais maître et pire, une religion.
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Les marchés, gouvernés par la loi de l’offre et la demande, se présentent comme un concept séduisant car ils permettent l’autorégulation de l’activité humaine en équilibrant ce qui se produit avec ce qui se consomme. Cependant, dans les faits, plusieurs cherchent par diverses manœuvres à influencer ou transgresser les règles du jeu à leur avantage. Il en résulte une jungle où règne la loi du plus fort. Même les lois visant à préserver l’intégrité des marchés arrivent à peine à modérer ce phénomène découlant de la cupidité humaine. Qui tente de préserver les marchés de l’intervention des gouvernements, dont le but est de maintenir l’équilibre des forces en présence pour mieux desservir le bien commun, se range nécessairement du côté des forts. L’accroissement de l’écart entre les riches et les pauvres est la conséquence logique de la libéralisation des marchés et de la déréglementation des vingt dernières années.
D’autres faiblesses des marchés résident en ce qu’ils favorisent la prise de décision à court terme au détriment du long terme et qu’ils se révèlent inaptes à faire assumer les coûts réels des impacts environnementaux de l’activité économique à ceux qui en sont la cause.
Les marchés, s’ils se révèlent un bon serviteur en protégeant les libertés individuelles, se montrent par contre un mauvais maître si on en fait le critère absolu de l’évaluation de l’activité humaine et qu’on vienne à les soustraire à l’œil critique de ceux qui peuvent en régulariser le fonctionnement pour s’assurer qu’ils soient au service du bien commun.
Le spirituel fait de ce qu’il perçoit de la volonté divine sur lui, de la qualité de l’amour qu’il a pu manifester à autrui, l’unique critère d’évaluation de son activité. Aussi ne se préoccupera-t-il pas de l’opinion à court terme des marchés afin de favoriser le mieux-être à long terme du milieu auquel il appartient. Cela représente tout un défi car il faut, pour ainsi dire, ramer à contre-courant ainsi que l’énonce l’apôtre Jean : « Ne vous étonnez pas, frères, si le monde vous hait. Nous savons, nous, que nous sommes passés de la mort à la vie, parce que nous aimons nos frères. Celui qui n'aime pas demeure dans la mort. À ceci nous avons connu l'Amour: celui-là a donné sa vie pour nous. Et nous devons, nous aussi, donner notre vie pour nos frères. Si quelqu'un, jouissant des biens de ce monde, voit son frère dans la nécessité et lui ferme ses entrailles, comment l'amour de Dieu demeurerait-il en lui? Petits enfants, n'aimons ni de mots ni de langue, mais en actes et en vérité. » ( 1 Jn 3, 13-14.16-18).