Méditations sur les enseignements bibliques pour le quotidien d'aujourd'hui
13 Janvier 2011 Pensées
Se taire
Il est parfois nécessaire de se taire pour délivrer une parole juste.
– Christian Bobin (1951- ), L’inespérée
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Il est toujours préférable de se taire que de dire une parole qui soit inappropriée. Combien vrai se veut le proverbe chinois : Il y a quatre choses qui ne reviennent pas : la parole dite, la flèche lancée, la vie passée et l’opportunité que l’on a laissée filer. La pertinence du silence ne se réduit cependant pas à éviter de dire des paroles regrettables, il arrive que ce soit l’attitude la plus appropriée pour s’exprimer comme lorsque vient le temps de montrer de la compassion envers celui qui est affligé et que les mots manquent pour exprimer celle-ci.
Croyons-nous véritablement en Dieu ? Pourquoi alors lui adressons-nous une litanie de demandes s’Il a la capacité de lire dans les cœurs ? Le but de la prière n’est-il pas de chercher à communiquer avec Dieu ? Comment peut-il y avoir communication si nous nous lançons dans d’interminables monologues ? Comment pourrons-nous entendre la voix d’un Dieu qui s’exprime dans le silence si nous parlons tout le temps ? Le silence des amoureux n’exprime-t-il pas mieux leurs sentiments réciproques qu’un flot de paroles ? La spiritualité n’est-elle pas la science de l’amour ? Jésus nous enseigne à prier : « Dans vos prières, ne rabâchez pas comme les païens: ils s'imaginent qu'en parlant beaucoup ils se feront mieux écouter. N'allez pas faire comme eux; car votre Père sait bien ce qu'il vous faut, avant que vous le lui demandiez » (Mt 6, 7-8). Pourquoi ne pas laisser la parole à l’Esprit Saint comme le suggère l’apôtre Paul ? « Pareillement l'Esprit vient au secours de notre faiblesse; car nous ne savons que demander pour prier comme il faut; mais l'Esprit lui-même intercède pour nous en des gémissements ineffables » (Rm 8, 26).
Méditons cette homélie du cinquième siècle sur la prière et qui m’apparaît particulièrement pertinente en cette époque où l’emphase a été mise sur la parole au détriment du silence :
Le bien suprême, c'est la prière, l'entretien familier avec Dieu... La prière est la lumière de l'âme, la vraie connaissance de Dieu, la médiatrice entre Dieu et les hommes. Par elle, l'âme s'élève vers le ciel et embrasse Dieu dans une étreinte inexprimable. Comme un enfant pleurant vers sa mère, elle exprime la profondeur de son désir. Elle exprime ses volontés profondes et elle reçoit des présents qui dépassent toute la nature visible. Car la prière se présente comme une puissante ambassadrice, elle réjouit, elle apaise l'âme.
Lorsque je parle de prière, ne t'imagine pas qu'il s'agisse de paroles. Elle est un élan vers Dieu, un amour indicible qui ne vient pas des hommes. Une telle prière, si Dieu en fait la grâce à quelqu'un, est pour lui une richesse perpétuelle, un aliment céleste qui rassasie l'âme. Celui qui l'a goûté est saisi pour le Seigneur d'un désir éternel, comme d'un feu dévorant qui embrase son cœur.