Chef

Il est vrai qu’un chef doit prendre garde de ne pas trop s’impliquer dans l’action au risque de perdre la perspective globale et de faillir à sa tâche de coordonner efficacement les efforts de ses subordonnés. Cependant, la crédibilité fait défaut à celui qui se contente de donner des ordres sans avoir jamais lui-même participé aux opérations surtout s’il est survenu des situations critiques où un intervenant additionnel aurait pu faire toute la différence.

Jésus reproche aux scribes et aux pharisiens d’adopter l’attitude de chef évoquée par Lao Tseu : « Ils lient de pesants fardeaux et les imposent aux épaules des gens, mais eux-mêmes se refusent à les remuer du doigt. En tout ils agissent pour se faire remarquer des hommes » (Mt 23, 4-5). Jésus a, pour sa part, une attitude de service qui constitue, à mon avis, l’apanage des grands chefs : « le Fils de l'homme n'est pas venu pour être servi, mais pour servir et donner sa vie en rançon pour une multitude » (Mt 20, 28). Le chef ne s’appartient plus, il se met tout entier au service de ceux qui ont accepté d’être dirigés par lui et si ce service vient à requérir qu’il se « salisse les mains » et qu’il mette l’épaule à la roue, il doit le faire joyeusement. Lors de son dernier repas avec ses disciples, Jésus leur lave les pieds : « Vous m'appelez Maître et Seigneur, et vous dites bien, car je le suis. Si donc je vous ai lavé les pieds, moi le Seigneur et le Maître, vous aussi vous devez vous laver les pieds les uns aux autres. Car c'est un exemple que je vous ai donné, pour que vous fassiez, vous aussi, comme moi j'ai fait pour vous » (Jn 13, 13-15). Aussi, un chef se dit-il spirituel, qu’il doit à plus forte raison encore se mettre au service des autres, sans oublier toutefois que le bien commun doit toujours primer et que son intervention en faveur d’un personne ou un groupe restreint ne doit pas pénaliser l’ensemble. Ainsi, peut-il espérer conserver un juste équilibre entre la direction et l’implication.