Citoyen du monde

Si Socrate, dans les temps anciens, pouvait se dire citoyen du monde, à plus forte raison pouvons-nous affirmer la même chose aujourd’hui alors que les moyens de communication ont réduit le monde à la taille d’un village en nous permettant de suivre en temps réel l’évolution d’événements se produisant à l’autre bout du globe, que les économies sont maintenant si intimement interreliées que les problèmes éprouvés dans un secteur géographique donné affectent toutes les économies, que la pollution générée en un endroit détériore la qualité de vie de gens habitant pourtant des contrées lointaines… Les problèmes peuvent de moins en moins trouver de solution localement puisque leurs causes sont de plus en plus universelles. Un pays souhaiterait-il augmenter de façon significative ses impôts pour se doter de meilleurs programmes sociaux qu’il risque de faire fuir entreprises et gens fortunés qui éliront domicile sous des cieux qui leurs seront plus bienveillants, laissant leur terre d’accueil antérieure dans un état pire qu’elle ne l’était avant de poser un geste qui visait pourtant à contribuer au bien commun. Comme les gouvernants l’ont constaté lors de la dernière crise économique, la seule façon de contrer le fléau de l’évasion fiscale est que les pays s’unissent et adoptent des mesures concertées. Au niveau politique, l’heure est d’ailleurs aux regroupements alors que des pays acceptent de renoncer partiellement à leur souveraineté pour faire partie de groupes qui pourront influer sur le cours des choses alors que ceux qui choisissent de s’isoler n’ont même plus voix au chapitre et sont condamnés à subir les conséquences des décisions prises par des entités plus importantes et influentes.

Les spirituels voient d’un bon œil l’interdépendance grandissante entre les habitants de la planète, eux que l’apôtre Paul incitait déjà il y a deux mille ans à ne pas faire de distinction de race, de sexe ou d’état civil : « Car vous êtes tous fils de Dieu, par la foi, dans Christ Jésus. Vous tous en effet, baptisés dans le Christ, vous avez revêtu le Christ: il n'y a ni Juif ni Grec, il n'y a ni esclave ni homme libre, il n'y a ni homme ni femme; car tous vous ne faites qu'un dans le Christ Jésus » (Ga 3, 26-28). Les spirituels authentiques, plutôt que d’espérer une catastrophe ou une série d’événements qui viennent sanctionner le comportement d’un nombre grandissant de personnes qui se détournent de Dieu, voire mettre en péril la survie de l’espèce humaine, ces amis de Dieu, à la suite d’Abraham et de Moïse, implorent plutôt sa miséricorde et aspirent à une nouvelle Pentecôte qui viendrait compléter le rapprochement si bien été amorcé physiquement par la technologie en suscitant un plus grand amour entre les hommes et de ces derniers envers Dieu.

Que l’on ne s’y trompe pas ! Le mal, qui touche aujourd’hui des gens situés à l’autre extrémité de la planète dont les droits fondamentaux sont déniés, viendra éventuellement frapper à notre porte si nous ne le combattons pas dès maintenant, de la même façon qu’une infection locale non traitée pourra répandre ses effets dans le corps tout entier.