Compréhension

Il est plus commun de voir l’ignorant condamner à priori toute proposition qui va à l’encontre de ses croyances et endosser avec enthousiasme tout ce qui le conforte dans ses préjugés. La colère ne vient généralement que dans un deuxième temps, lorsque quelqu’un ose contredire les conclusions hâtives auxquelles il est arrivé. À court d’arguments et ne voulant pas admettre avoir formé son jugement de façon trop précipitée, il éclate afin d’intimider celui qui a émis une proposition susceptible d’ébranler ce qu’il tient pour des certitudes et, de façon préventive, quiconque pourrait se risquer à émettre une opinion contraire, sinon moins catégorique que la sienne.

Le sage écoute et cherche à comprendre le cheminement par lequel l’autre a pu arriver aux conclusions qu’il énonce. Ignorait-il certains faits, qu’il s’instruit, autrement il est en mesure d’identifier les failles dans le raisonnement de son interlocuteur et de lui signaler afin de le remettre dans la voie de la vérité. Au surplus, faire preuve de compréhension est une obligation qui s’impose au spirituel, obligation qui découle du commandement de l’amour de Dieu et du prochain (Mc 12, 30-31).

On ne peut qu’admirer la sagesse du haut fonctionnaire de la reine Candace qui, lorsqu’il se fait demander par Philippe : « Comprends-tu ce que tu lis ? », avoue humblement son ignorance: « Et comment le pourrais-je, dit-il, si personne ne me guide? » et joins l’acte à la parole, l’invitant à monter dans son char, à s’asseoir près de lui, et le questionnant pour en savoir plus (Ac 8, 26-37). Combien, dans leur orgueil et leur ignorance relative, s’ils avaient été à la place du haut fonctionnaire, se seraient indignés qu’on puisse insinuer qu’ils ne comprennent pas ce qu’ils lisent ? En revanche, l’ouverture d’esprit de cet homme s’est révélée cause efficiente de salut par l’accueil du baptême qui s’en est suivi, salut dont la joie constitue une manifestation visible : Et il poursuivit son chemin tout joyeux. (Ac 8, 38) comme l’indique le psaume « Crée pour moi un cœur pur, Dieu; enracine en moi un esprit tout neuf. Rends-moi la joie d'être sauvé (Ps 23, 12.14).