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Méditations sur les enseignements bibliques pour le quotidien d'aujourd'hui

Croire

 

 

Croire

 

On risque autant à croire trop qu'à croire trop peu.

 

  Denis Diderot   (1713-1784) 

 

 

 

Cela me fascine de voir comment les personnes méfiantes au point de douter de tous (même de ceux qui sont de toute évidence des personnes de confiance), si elles évitent de se « faire avoir » sur de petites choses, viennent à se faire abuser par d’habiles manipulateurs envers lesquels elles devraient pourtant faire preuve d’une plus grande prudence, ne serait-ce qu’en raison de l’importance plus grande des affaires en cause. La raison en est fort simple : elles sont tellement occupées à combattre des abuseurs fictifs ou sans importance qu’elles ne disposent pas du temps et de l’attention nécessaires pour détecter les « professionnels » qui, après avoir franchi leurs premières défenses, peuvent leur faire vraiment mal. Quant à ceux qui sont trop crédules, point n’est difficile de s’imaginer qu’ils se font abuser par tous et chacun.

 

Sur le plan spirituel, le père Raniero Cantalamessa a fait une bonne analyse du risque de la foi en Dieu lorsqu’il a commenté le 10 avril 2009 la campagne publicitaire qui affichait sur les bus de Londres : « Dieu n'existe probablement pas. Cessez donc de vous inquiéter et profitez de la vie» : « Dieu n'existe probablement pas » : il pourrait donc exister, on ne peut pas exclure totalement le fait qu'il existe. Mais cher frère non croyant, si Dieu n'existe pas, moi je n'ai rien perdu ; si en revanche il existe, tu as tout perdu ! Quel risque y a-t-il en effet à croire à l’Amour, à faire les œuvres de l’amour ? La principale chose qui en sorte meurtrie est notre égoïsme, égoïsme qui doit déjà subir les contraintes des lois humaines, les libertés des uns s’arrêtant où débutent celles des autres.

 

Dans les Évangiles, le récit de la mort de Lazare (Jn 11, 1-45) constitue un bel exemple qu’il n’y a pratiquement pas de limite à ce que la foi peut obtenir, même en cette vie, en autant que cela corresponde au plan de Dieu. Dans un premier temps, les sœurs de Lazare font savoir à Jésus par messager que celui-ci est malade. Informé, Jésus dit : « Cette maladie ne mène pas à la mort, elle est pour la gloire de Dieu: afin que le Fils de Dieu soit glorifié par elle » (4). Jésus prend deux jours avant de se mettre en route et Lazare décède. Apprenant l’arrivée de Jésus, Marthe, l’une des deux sœurs du défunt vient à sa rencontre : « Seigneur, si tu avais été là, mon frère ne serait pas mort. Mais je sais que, maintenant encore, Dieu t'accordera tout ce que tu lui demanderas » (21-22). Certains interprètent le si tu avais été là… comme un reproche voilé adressé à Jésus. Je n’en crois rien. Si nous raisonnons ainsi, c’est que nous pensons à des relations où l’amour s’est émoussé et le ton s’est aigri, les « si » servant à critiquer la conduite de l’autre. Ici, il n’en est rien. D’une part, il y a lien d’amitié profonde entre la famille de Lazare et Jésus et, d’autre part, Jésus se serait-il mis en route immédiatement, qu’il est loin d’être sûr qu’il serait arrivé en temps. Je crois plutôt qu’il faut interpréter ce « si » comme « mon plan était que tu arrives avant que mon frère meure pour que tu le guérisses » ce que confirme la deuxième partie de sa phrase : « Mais je sais que, maintenant encore, Dieu t'accordera tout ce que tu lui demanderas ». Quelle belle foi ! « Mon plan est tombé à l’eau, tout semble irrémédiablement perdu, mais je persiste à croire que toi et le Père vous pouvez encore faire quelque chose », ce qui vient à rejoindre la déclaration initiale de Jésus « cette maladie est pour la gloire de Dieu », la mort et la résurrection de Lazare n’ayant eu d’autre objet que de manifester la gloire de Dieu et la puissance de la foi en Lui.

 

Et nous, quelle est notre attitude quand Dieu semble demeurer sourd à nos demandes les plus légitimes ? Continuons-nous à espérer contre toute espérance comme Marthe qu’il tirera un plus grand bien encore d’un mal objectif ? Ou au contraire, Lui demandons-nous des comptes : Pourquoi…? Le délaissons-nous graduellement ? Doutons-nous de Lui ? Devenons agressifs envers Lui et ceux qui le représentent?

 

Les plans du spirituel sont constamment contrecarrés car, tout bien intentionnés puissent-ils être, ils ne correspondent pas nécessairement au plan de Dieu : « Mes pensées ne sont pas vos pensées, et mes chemins ne sont pas vos chemins, déclare le Seigneur. Autant le ciel est élevé au-dessus de la terre, autant mes chemins sont élevés au-dessus des vôtres, et mes pensées, au-dessus de vos pensées » (Is 55, 8-9). Quand cela se produit, inspirons-nous de l’exemple de Marthe et ne nous laissons point démonter par un échec apparent. Avons-nous connu la faillite d’une entreprise, demandons à Dieu de trouver quelqu’un qui reprenne l’affaire et conserve les emplois des travailleurs et qu’il nous aide à trouver autre chose pour gagner notre vie convenablement. Notre conjoint nous a-t-il abandonné, demandons la force et le courage de continuer seuls et le discernement pour réorienter, au besoin, notre vie pour qu’elle se conforme davantage à la volonté de Dieu.                                                                          

 

Osons-nous croire sans réserve en Dieu comme Marthe ? S’il y a un risque à accorder aveuglément notre confiance aux êtres humains, quel risque y a-t-il à se confier entièrement à Dieu ? Et y a-t-il quelque chose de plus précieux que la vie éternelle, vie qui risque de nous échapper par manque de foi en Dieu ?

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