Méditations sur les enseignements bibliques pour le quotidien d'aujourd'hui
21 Janvier 2010 Pensées
Développement
N'aidez jamais un enfant dans une tâche qu'il pense être capable d'accomplir.
La fonction du milieu n'est pas de former l'enfant mais de lui permettre de se révéler.
Nous devons aider l'enfant à agir par lui-même, vouloir par lui-même, penser par lui-même.
Une preuve de la justesse de la procédure éducative consiste en la joie des enfants.
– Maria Montessori (1870-1952)
|
Les principes posés par Maria Montessori sont valables non seulement pour les enfants mais pour toutes les personnes indépendamment de leur âge.
Forte est la tentation d’aider l’autre malgré qu’il ait la capacité de s’acquitter seul de sa tâche que ce soit parce que nous aimons nous-mêmes réaliser cette activité, que cela n’avance pas assez rapidement à notre goût, que nous tenons à ce que ce soit fait exactement selon nos moindres désirs ou encore que cela nous donne un sentiment d’indispensabilité. L’impact en est souvent que cela nuit au développement des personnes à notre charge et, s’il s’agit d’aînés, les prive d’une part de leur dignité en leur démontrant que leur contribution est devenue marginale.
Quels que soient les liens qui nous relient aux autres, notre principale préoccupation ne devrait pas être de tenter d’en faire des copies conformes de ce que nous sommes ou de ce que nous aimerions être mais plutôt de les aider à atteindre tout le potentiel de la combinaison unique de leur personnalité et de leur talent, de leur offrir des opportunités pour découvrir ou mettre en valeur leurs aptitudes, de leur signaler ce que nous voyons de bon en eux et que parfois ils ne perçoivent pas eux-mêmes.
Enfin, le plus beau cadeau que nous puissions faire à l’autre est de l’aider à devenir le plus autonome possible, prendre le risque qu’il ne dépende pas de nous ou le moins possible. Sommes-nous en situation d’autorité que nous devons le plus possible nous limiter à lui indiquer les objectifs à atteindre, lui laissant tout l’espace nécessaire pour prendre des décisions et des initiatives, exercer sa créativité et ainsi s’approprier l’activité à exécuter, son travail, sa vie même.
La preuve de la qualité des liens qui nous unissent aux autres, de notre apport à la réalisation d’eux-mêmes, se trouve dans la joie qu’ils manifestent à se trouver en notre présence. Pour un entraîneur sportif cela se révélera par le taux de rétention des athlètes sous sa charge : celui qui est trop exigeant en conduira plusieurs à l’abandon en rendant une corvée ce qui devrait être un plaisir et, inversement, celui qui ne l’est pas assez en fera tout autant car les résultats obtenus ne permettront pas aux athlètes de se sentir progresser de façon significative et de développer une juste estime d’eux-mêmes.
Le moteur du développement, la force qui nous incite à se préoccuper plus de l’autre que de nos propres besoins, c’est l’amour. Le spirituel puise dans l’amour dont il se sait aimé de Dieu la force d’aider les autres à devenir meilleurs. Reconnaissant envers Dieu de tout ce qu’il a reçu, il se fait un devoir de redonner ce dont il se sait un fiduciaire plutôt que de chercher à en jouir égoïstement. « Qu'as-tu que tu n'aies reçu? » (1 Co 4, 9). Le devoir de réciprocité du croyant envers Dieu se réalise dans les relations qu’il entretient avec ceux qui croisent sa route : « Si quelqu'un dit: "J'aime Dieu" et qu'il déteste son frère, c'est un menteur: celui qui n'aime pas son frère, qu'il voit, ne saurait aimer le Dieu qu'il ne voit pas. Oui, voilà le commandement que nous avons reçu de lui: que celui qui aime Dieu aime aussi son frère. » (1 Jn 4, 20-21), la raison étant que de Dieu se rend concrètement présent à nous dans son Eucharistie mais également en chaque homme : « Ce que vous avez fait aux plus petits de mes frères, c'est à moi que vous l'avez fait » (Mt 25,40).
La preuve d’une vie spirituelle accomplie est la joie, celle du croyant et celle qu’il communique aux autres. Romain Rolland disait avec fort d’à-propos : Je ne conçois pas un Dieu sans joie. Ce que corrobore Jean-Marie Vianney, que l’Église honore de façon particulière en cette année sacerdotale : « Un saint triste est un triste saint ». Comment ne peut-il émaner de joie de celui qui se tient en présence de Dieu ?