Don

Le spirituel se reconnaît comme un don de Dieu : « Qu’as-tu donc que tu n’aies d’abord reçu? » (1 Co 4, 7). Comment manifeste-t-il sa reconnaissance ? En aimant du même amour dont il se sait aimé (Dieu nous a aimés le premier 1 Jn 4, 19) comme l’y incite Jésus : « Je vous donne un commandement nouveau: vous aimer les uns les autres; comme je vous ai aimés, aimez-vous les uns les autres » (Jn 13, 34). Et comment Jésus a-t-il aimé ? Par le don total de lui-même, s’anéantissant lui-même… jusqu’à la mort sur la croix (Ph 2, 7-8) car il n’y a pas de plus grand amour que de donner sa vie pour ses amis (Jn 15, 13). Il n’est pas demandé à tous de donner leur vie physiquement comme le Christ et les martyrs mais il est à la portée de chacun de se renoncer à lui-même, de réfréner son égoïsme, pour se faire don pour les autres, pour aimer en vérité. La valeur inestimable du don total et désintéressé de soi est illustrée par Jésus dans la parabole du grain de blé : « Amen, amen, je vous le dis : si le grain de blé tombé en terre ne meurt pas, il reste seul; mais s'il meurt, il donne beaucoup de fruit. Celui qui aime sa vie la perd ; celui qui s'en détache en ce monde la garde pour la vie éternelle. Si quelqu'un veut me servir, qu'il me suive ; et là où je suis, là aussi sera mon serviteur. Si quelqu'un me sert, mon Père l'honorera » (Jn 12, 24-26).

Quelle est notre réaction face au don de Dieu ? Sommes-nous des ingrats qui critiquent ce qu’ils sont et ce qu’ils ont ? Sommes-nous indifférents ? Pire, nous imputons-nous orgueilleusement le mérite de nos réussites ? Ou, nous montrons-nous reconnaissants ? Parmi les dix lépreux guéris de leur mal par Jésus, le seul qui ait manifesté de la reconnaissance s’est vu promettre la vie éternelle en récompense de ce geste : « Relève-toi, va; ta foi t'a sauvé » (Lc 17, 12-19). Ta foi t’a sauvé : la gratitude, l’action de grâces, envers Dieu est un des actes de foi les plus parfaits : elle implique non seulement la reconnaissance de l’existence de Dieu comme préalable mais également qu’il est le Dieu des vivants (Mt 22, 32), un Dieu agissant dans l’aujourd’hui de notre quotidien. Enfin, cet acte amorce naturellement le mouvement de retour vers le donateur, le désir de redonner une partie du bienfait reçu, de rendre amour pour amour, l’amour ne se payant que par l’amour (Jean de la Croix cité par Thérèse de Lisieux).