Épreuves

Bénissons les épreuves plutôt que de les maudire ! S’il en coûte de les subir, les épreuves ont, comme beaucoup de choses d’ailleurs, un revers de médaille totalement différent auquel nous pensons peu, absorbés que nous sommes à considérer l’ampleur du prix à payer, du sacrifice à consentir.  Accepter l’épreuve plutôt que de se révolter lorsque confrontés à celle-ci, c’est se mettre en position d’en récolter les fruits, l’un des premiers étant une plus grande humilité découlant du constat que nous sommes tous égaux face à des événements adverses qui nous dépassent et que nous avons besoin les uns des autres pour les surmonter. Les moments difficiles constituent de merveilleuses opportunités pour nous remettre en question de même que nos façons de faire. Si cela nous mène à abandonner des attitudes ou des conduites contraires à l’amour, l’épreuve purifie et délivre des péchés comme le dit Alice Parizeau.

L’acceptation des épreuves est au cœur de la spiritualité de l’événement de Thérèse de Lisieux, d’accueillir tous les événements, sans discrimination, comme étant providentiels, voulus ou étant permis par Lui. Accueillir avec le sourire le bon et le moins bon voilà qui est très mortifiant et aussi une voie sûre pour aller vers Dieu car il n’y a pas là de quoi tirer un orgueil quelconque contrairement à des sacrifices que nous pourrions nous imposer et dont il est possible de tirer de la fierté du fait d’avoir relevé ces défis lancés à nous-mêmes. Cependant, si Dieu s’intéresse à chacun de nous individuellement, son regard embrasse tout le monde en même temps et il serait réducteur et égoïste de limiter les bienfaits des épreuves à notre seule personne. Dans sa lettre aux Hébreux, l’apôtre Paul souligne que Jésus a voulu partager la condition humaine… devenir en tout semblable à ses frères… Ayant souffert jusqu'au bout l'épreuve de sa Passion, il peut porter secours à ceux qui subissent l'épreuve (He 2, 14-18). À l’image du Christ son maître, le chrétien se soumet-il l’épreuve qui se présente à lui dans l’espoir qu’elle augmentera sa capacité à aider et à compatir avec ceux qui se retrouvent dans une situation similaire et ainsi lui faire porter du fruit en abondance. Paul note d’ailleurs la capacité de l’épreuve à dilater le cœur, à l’ouvrir à la compassion, en parlant de Jésus : « Nous n'avons pas un grand prêtre impuissant à compatir à nos faiblesses, lui qui a été éprouvé en tout, d'une manière semblable, à l'exception du péché » (He 4, 15). Enfin, jamais la souffrance découlant de l’épreuve n’est vaine pour le spirituel car il a toujours l’opportunité de collaborer à l’œuvre de rédemption en l’offrant pour le salut des autres.