Inquiétude

J’ai rarement vu le travail rendre les gens malades, certaines personnes accumulant les longues heures de travail sans jamais être touchées par la maladie. Par contre, j’ai vu l’inquiétude et / ou le stress ronger tous ceux qu’ils affectent, même s’ils travaillaient moins de quarante heures par semaine, les acheminant inexorablement vers la maladie physique ou mentale et même vers la mort. « Le stress est semblable à la pression sanguine, c’est un tueur silencieux » dit Kevin Kolloway, titulaire d’une chaire de recherche du Canada et directeur du CN Centre for Occupational Health and Safety de l’université St. Mary’s à Halifax. Un tel mal affecte particulièrement, mais pas exclusivement, les cols blancs, les travailleurs dont l’emploi fait appel beaucoup plus aux capacités intellectuelles que physiques.

Comment combattre un tel fléau ? Au-delà de la nécessité de maintenir de saines habitudes de vie dont s’alimenter correctement et faire de l’exercice physique, la chose primordiale est de prendre conscience du problème, d’identifier les sources d’inquiétude et de stress. Une fois les causes connues, il nous faut évaluer si elles sont fondées : certains dangers sont réels, d’autres ne sont que de vagues possibilités amplifiées par notre esprit, les urgences auxquelles nous sommes confrontées peuvent découler de mauvaises habitudes de travail ou sont créées artificiellement comme lorsque le supérieur demande des travaux beaucoup plus rapidement que la situation ne l’exige ou alloue un temps d’exécution inférieur à celui nécessaire pour accomplir la tâche. Enfin, pour les causes fondées et inévitables, il faut distinguer entre celles sur lesquelles nous n’avons aucune emprise et qu’il est inutile, par conséquent, de nous préoccuper, et celles sur lesquelles nous pouvons avoir une influence, auquel cas nous devons faire tout en notre possible pour les régler. J’aime bien la prière remplie de sagesse des alcooliques anonymes : « Dieu, accorde-moi la sérénité d'accepter ce que je ne peux changer, le courage de changer ce que je peux et la sagesse d'en connaître la différence. »

Jésus montre aux spirituels combien vaine est l’inquiétude : « Qui de vous peut, par ses inquiétudes, ajouter un instant à la durée de sa vie? Si donc vous ne pouvez rien faire, même pour si peu, pourquoi vous inquiétez-vous du reste? » (Lc 12, 25-26). Il incitait ses disciples et nous à travers eux « N’ayez pas peur », appel relayé notamment par son serviteur Jean-Paul II.