Jalousie

La jalousie naît de l’ignorance de soi-même ainsi que de la méconnaissance de Dieu et de son plan d’amour pour l’humanité. Ce qui manque au jaloux, ce n’est pas seulement telle ou telle chose, c’est l’estime de son propre bien… En souffrant de ce que sa bouteille est à moitié vide, il oublie qu’elle est à moitié pleine (Pascal Ide, Les sept péchés capitaux). Aussi vaste puisse être le patrimoine du jaloux, il prendra toujours ombrage du bonheur apparent d’autrui, le considérant comme une parcelle que ce dernier aurait usurpé du sien propre. Si la possession ne peut assouvir le sentiment de manque du jaloux, comment peut-on en guérir ? En s’émerveillant de ce que l’on est et de ce à quoi nous avons accès à l’exemple du psalmiste : « je te rends grâce pour tant de prodiges: merveille que je suis, merveille que tes œuvres » (Ps 139, 14). En aimant et en se laissant aimer : les amoureux ne se réjouissent-ils pas mutuellement du bonheur de l’autre ? En ce sens, la jalousie n’est-elle pas la négation de l’amour ?

Pour le spirituel, la jalousie est méconnaissance du plan de Dieu, qui a créé les hommes tous différents pour, qu’ayant besoin les uns des autres, nous recherchions la complémentarité et trouvions l’amour qui est la vocation de notre être, l’image de Dieu que nous portons en nous (Gn 1, 27). En niant le don présent en lui, le jaloux nie le Donateur. Dans la parabole des talents, le maître ne donne pas le même nombre de pièces à chacun de ses serviteurs (Pascal Ide, op. cit.). Le plan d’amour de Dieu, son désir d’unité  de ses créatures dans et par la diversité est fort bien illustré par l’apôtre Paul : « Il y a, certes, diversité de dons spirituels, mais c'est le même Esprit; diversité de ministères, mais c'est le même Seigneur; diversité d'opérations, mais c'est le même Dieu qui opère tout en tous. À chacun la manifestation de l'Esprit est donnée en vue du bien commun. À l'un, c'est un discours de sagesse qui est donné par l'Esprit; à tel autre un discours de science, selon le même Esprit; à un autre la foi, dans le même Esprit; à tel autre les dons de guérisons, dans l'unique Esprit; à tel autre la puissance d'opérer des miracles; à tel autre la prophétie; à tel autre le discernement des esprits; à un autre les diversités de langues, à tel autre le don de les interpréter. Mais tout cela, c'est l'unique et même Esprit qui l'opère, distribuant ses dons à chacun en particulier comme il l'entend » (1 Co 12, 4-11). Les dons reçus n’étant pas pour notre bénéfice personnel mais celui du bien commun, il n’y a pas à envier les dons des autres car plus grands sont les dons, plus grande est la responsabilité de leur bénéficiaire face à Dieu. Bien plus, envier les dons des autres, c’est refuser le plan de Dieu sur soi, le rôle qu’il nous a assigné dans sa Sagesse, et conséquemment mettre en péril la vie d’amour que nous espérons partager avec Lui au terme de notre séjour terrestre.