Méditations sur les enseignements bibliques pour le quotidien d'aujourd'hui
7 Décembre 2010 Pensées
Victime
À moitié victime, à moitié complice, comme tout le monde.
– Jean-Paul Sartre (1905-1980)
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Ne sont victimes que les passifs, ceux qui subissent sans rien faire par peur, par découragement devant l’ampleur de ce qu’il y a à faire pour remédier à la situation, par paresse ou encore dans l’attente qu’un sauveur vienne les tirer de là. Par leur inaction, ceux qui se disent victimes deviennent complices du mal qui les assaille. Il est vrai parfois que ce que nous pouvons faire est négligeable ou encore que nous puissions nous exposer à des conséquences pire encore. Qui sait, par contre, si nous n’éviterons pas à d’autres de subir un sort similaire ou si d’autres qui vivent une situation semblable ne se joindront pas à nous et qu’ensemble nous arriverons à faire avancer ce qui semblait impensable alors que nous étions seuls ? Si nous n’agissons pas pour mettre un terme à l’inacceptable pour nous-mêmes, faisons-le au moins pour les autres, pour éviter que le mal ne se reproduise indéfiniment et éviter en conséquence de s’en faire complice par notre silence.
Le spirituel ne se considère pas victime du mal. Il ne se défile pas devant lui à l’image de Jésus qui n’a pas stoppé sa marche vers Jérusalem en dépit des dangers qui le guettaient et dont il avait conscience : « À dater de ce jour, Jésus commença de montrer à ses disciples qu'il lui fallait s'en aller à Jérusalem, y souffrir beaucoup de la part des anciens, des grands prêtres et des scribes, être tué et, le troisième jour, ressusciter » (Mt 16, 21). Il vainc le mal non en rendant œil pour œil mais en rendant le bien pour le mal, en manifestant la miséricorde du Père des cieux à travers lui : « Père, pardonne-leur car ils ne savent ce qu'ils font » (Lc 23, 33). La souffrance du spirituel ne demeure pas stérile car il l’offre à Dieu, intercédant auprès de Lui en faveur de tous ceux qui se retrouvent dans une situation similaire à la sienne et, s’il y a lieu, en faveur de ceux qui en sont la cause, tant du sien que celui des autres, afin de vaincre la spirale du mal qui appelle le mal. Quelle merveilleuse invention que l’offrande qui transforme une victime potentielle en un sanctificateur, qui d’un mal apparent suscite une opportunité de salut !