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Méditations sur les enseignements bibliques pour le quotidien d'aujourd'hui

Liberté et réciprocité

 

Liberté et réciprocité

 

For to be free is not merely to cast off one's chains, but to live in a way that respects and enhances the freedom of others.

 

Nelson Rolihlahla Mandela  (1918-        ), Un long chemin vers la liberté

 

Être libre, ce n'est pas seulement se débarrasser de ses chaînes ; c'est vivre d'une façon qui respecte et renforce la liberté des autres.

 

 

 

L’homme étant un être social, le bien de la personne est indissociable du bien commun (Pouliquen, Tanguy Marie, Mieux vivre ensemble dans un monde en crise, p.63). On ne peut revendiquer pour soi ce que nous ne sommes pas prêts à octroyer à autrui. Il n’est pas de liberté individuelle possible si elle n’est garantie et mise en force de quelque manière par une structure collective qui, de plus, verra à arbitrer les inévitables différents qui surviendront entre ses membres, la liberté des uns s’arrêtant là où commence celle des autres, la frontière entre les deux n’étant pas toujours tracée de façon claire. Qui respecte et renforce la liberté des autres œuvre en même temps à la reconnaissance de sa propre liberté. Benoît XVI, dans son encyclique Caritas in veritate, souligne que bien commun et bien individuel sont intrinsèquement liés, l’un n’allant pas sans l’autre : « Le bien commun n’est pas un bien recherché pour lui-même, mais pour les personnes qui font partie de la communauté sociale et qui, en elle seule, peuvent arriver réellement et plus efficacement à leur bien ».

 

La bible parle également de réciprocité. Au serment fait par David de lui construire une demeure, Dieu répond en bénissant sa descendance de laquelle sera issu le Messie (Ps 132). De même le croyant est interpellé à mettre les dons reçus de Dieu au service des autres, en commençant par celui de la foi : « rien n'est caché, sinon pour être manifesté ; rien n'a été gardé secret, sinon pour venir au grand jour » (Mc 4, 22). Inversement, qui mettra ce qu’il a reçu au service du bien commun en le redistribuant se verra offrir plus encore par Dieu : « La mesure dont vous vous servez servira aussi pour vous, et vous aurez encore plus. Car celui qui a recevra encore ; mais celui qui n'a rien se fera enlever même ce qu'il a » (Mc 4, 24-25).

 

Le poème du roi et du mendiant écrit par Rabîndranâth Tagore illustre en quelque sorte le rapport entre Dieu, qui demande la contribution de l’homme à son œuvre de salut même s’il n’en a « pas besoin », et l’homme qui hésite à lui offrir même une parcelle du peu qu’il possède. On peut aussi y voir la prodigalité de Dieu qui nous a aimés le premier (1 Jn 4, 19) et qui nous donne infiniment plus que nous ne lui rendrons et du regret qui sera le nôtre lorsque nous verrons combien peu nous aurons fait eu égard à tout ce que nous aurons reçu. Enfin, nous y voyons l’exercice de la liberté souveraine de l’un comme de l’autre :

 

 

 

Le roi et le mendiant

 

Un mendiant – un homme qui n'a rien et espère tout de l'autre – croise un jour le roi, ce roi si bon qui comble son royaume de biens et veut le bonheur de chacun.

 

Son cœur se met à battre : voilà peut-être la chance de sa vie, la fin de son existence  misérable.

 

Si le roi, par miracle, le remarque, peut-être plongera-t-il la main dans ses coffres et donnera-t-il sans même y penser, ce qui n'est qu'une piécette à ses yeux royaux, qui sera un trésor pour le mendiant ?

 

Mais le roi, soudain, se penche vers le mendiant et s'adresse à lui en ces termes renversants : " toi, mendiant, qu'as-tu à me donner ? "

 

Déconcerté, l'autre n'ose pas répondre : " Mais... rien ! "

 

Il cherche alors et trouve au fond de son sac un grain de blé dont il se dessaisit, sans doute à regret.

 

Voilà, l'histoire est faite, l'espoir s'est envolé, le roi fou a frappé, le pauvre est pauvre et rien n'a changé.

 

 Mais au soir, lorsque le mendiant pose sa besace pour compter son maigre bien, il trouve, le cœur battant, parmi ses grains de blé, un grain d'or.

 

" Oh ! Seigneur, s'exclame-t-il à cet instant, plein de regret, que n'ai-je donné mon tout ! "

 

 

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