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Méditations sur les enseignements bibliques pour le quotidien d'aujourd'hui

Patience

 

 

Patience

 

I like to tell people that all of our products and business will go through three phases. There's vision, patience and execution.

 

  Steve Ballmer   (1956-        )

 

J’aime dire aux gens que l’ensemble nos produits et affaires traverseront trois étapes : la vision, la patience et l’exécution.

 

 

Des trois étapes, je dirais que la patience est la plus cruciale. Nous pouvons avoir une vision claire et novatrice de ce qu’il faut faire si nous ne prenons pas le temps nécessaire pour traduire celle-ci dans un plan d’exécution sans faille ou si, simplement, nous n’attendons  pas le moment propice pour agir, nous diminuons grandement les probabilités de réussite du projet. Un acheteur, par exemple, doit éviter de s’enfermer dans des contraintes de temps ou d’une solution unique sans quoi celles-ci risquent de lui coûter une surprime. La patience est également de mise dans les étapes précédant la mise en marché d’un nouveau produit car il est beaucoup plus dispendieux de corriger un vice de conception ou un processus de fabrication qui n’est pas à point aux étapes préliminaires qu’une fois le produit rendu sur le marché sans compter les pertes de ventes potentielle résultant d’expériences non satisfaisantes de clients qui tourneront le dos au produit si ce n’est à l’entreprise elle-même.

 

L’itinéraire du spirituel passe lui aussi passe par trois vertus correspondant chacune aux étapes identifiées par Ballmer : la foi (vision), l’espérance (patience) et la charité (exécution). La foi comme la vision est ce qui initie le processus : « quiconque invoquera le nom du Seigneur sera sauvé. Mais comment l'invoquer sans d'abord croire en lui? » (Rm 10, 13-14). La vision est inutile si elle reste au niveau des concepts et ne se traduit pas en gestes concrets dans l’exécution. Ainsi, en est-il de la foi qui demeure lettre morte sans la charité, la finalité de la spiritualité étant l’Amour, Dieu qui est Amour : « si je n'ai pas la charité, je ne suis rien… [quoi que je puisse faire] cela ne me sert de rien (1 Co 13, 2-3). Mais tout cela ne se fait pas instantanément, le plan de Dieu suivant un cours lent, voire très lent, trop lent même au goût de plusieurs surtout de nos contemporains habitués à vivre à une époque où le cours du temps semble s’être emballé. Dieu décide-t-il de faire irruption dans l’histoire par l’incarnation de son Verbe qu’Il respecte le cheminement de tout homme, prenant neuf mois pour se développer dans le sein de Marie, puis attendra trente ans que son heure vienne (Jn 2, 4) avant d’entreprendre sa vie publique.

 

Tisser le vêtement de noce (Mt 22, 11-14) requis pour paraître devant Dieu et partager son existence pour l’éternité, accéder à la sainteté, est un lent processus de maturation qui s’étale sur toute une vie et si près ou loin du but que puisse s’être retrouvée une personne en cours de route, c’est l’endroit où elle termine qui fait foi de tout comme en fait foi le sort du bon larron : « En vérité, je te le dis, aujourd'hui tu seras avec moi dans le Paradis » (Lc 23, 42). Inversement, une personne qui semble près de Dieu parce qu’elle accomplit des prodiges en son nom n’a pas un accès garanti auprès de Lui au terme de sa course : « Beaucoup me diront en ce jour-là: Seigneur, Seigneur, n'est-ce pas en ton nom que nous avons prophétisé? En ton nom que nous avons chassé les démons? En ton nom que nous avons fait bien des miracles? Alors je leur dirai en face: Jamais je ne vous ai connus; écartez-vous de moi, vous qui commettez l'iniquité » (Mt 7, 22-23). Les dons accordés par Dieu, est-il nécessaire de le rappeler, ne sont pas pour le bénéfice de ceux qui s’en voient gratifiés mais celui des autres au service desquels ils ont la responsabilité de mettre les grâces reçues : « À chacun la manifestation de l'Esprit est donnée en vue du bien commun » (1 Co 12, 7). La responsabilité étant proportionnelle aux dons, tous ont-ils égalité des chances.

 

La perfection à laquelle aspire le spirituel et qui lui est demandée par Jésus « Vous donc, soyez parfaits comme votre Père céleste est parfait » (Mt 5, 48) n’est pas accessible en ce monde. Aussi le croyant doit-il s’armer de patience dans le combat incessant qui l’oppose à ses imperfections car il n’aura de fin que lorsqu’il rendra son dernier soupir. À lui s’applique parfaitement cette citation de Boileau (1636-1711) :

 

Hâtez-vous lentement, et sans perdre courage,

Vingt fois sur le métier remettez votre ouvrage,

Polissez-le sans cesse, et le repolissez,

Ajoutez quelquefois, et souvent effacez. (Chant I)

 

Effacer et recommencer, le catholique le fait toutes les fois qu’il se présente au sacrement de Réconciliation dans lequel il puise la force de reprendre le combat avec une énergie nouvelle après s’être « laissé réconcilier avec Dieu » (2 Co 5, 20), après que soit pleinement restauré le lien qui l’unit à Dieu et qui s’était affaibli suite aux batailles perdues face au péché.

 

Cette patience que nous devons démontrer pour combattre nos penchants mauvais, il faut également en témoigner à l’égard des autres à l’image de celle que Dieu a envers tous les hommes : « Dieu de tendresse et de pitié, lent à la colère, riche en grâce et en fidélité; qui garde sa grâce à des milliers, tolère faute, transgression et péché » (Ex 34, 6-7) et dont, par devoir de réciprocité, parce que nous en sommes bénéficiaires, nous devons nous-mêmes en faire preuve envers autrui particulièrement ceux qui marchent vers la perfection et envers lesquels nous sommes enclins à relever rapidement la moindre imperfection, possiblement pour nous conforter dans les nôtres beaucoup plus importantes, comportement que n’a pas hésité à dénoncer Jésus : « Comment peux-tu dire à ton frère: Frère, laisse-moi ôter la paille qui est dans ton œil, toi qui ne vois pas la poutre qui est dans ton œil ? Hypocrite, ôte d'abord la poutre de ton œil ; et alors tu verras clair pour ôter la paille qui est dans l'œil de ton frère » (Lc 6, 42). Cette patience envers ceux qui cheminent, Thérèse d’Avila la demande de façon générale et monseigneur Rafaello Carlo Rossi demande à ses contemporains en 1921d’en faire preuve à l’égard de Padre Pio sur lequel il avait été chargé d’enquêter :

 

Des imperfection, oui, nous en trouvons en lui, néanmoins … il marche vers la perfection; pourquoi vouloir qu’il l’ait déjà atteinte ? « On ne devient parfait qu’au bout d’un temps très long » écrit sainte Thérèse. « Les gens du monde, à peine voient-ils quelqu’un entrer dans cette voie (celle de la perfection), et déjà ils le veulent sans aucun défaut… »; et ailleurs, la sainte ajoute au sujet de l’extase et du confesseur « trop prudent et incompétent » : « il s’imagine que les âmes à qui Dieu accorde ces grâces devraient être des anges, il ne pense pas que cela est impossible aussi longtemps que nous vivons dans un corps mortel. » (Francesco Castelli, Enquête sur Padre Pio, l’autobiographie secrète, Éditions du Parvis, 2010, p. 103.

 

Le plan de salut de Dieu sur l’humanité et sur nous tarde-t-il à se réaliser qu’il faut s’armer de patience ainsi que nous y incite l’apôtre Jacques qui, si l’on se fie à ses propos, considérait la seconde venue  du Christ comme imminente : « Frères, en attendant la venue du Seigneur, ayez de la patience. Voyez le cultivateur : il attend les produits précieux de la terre avec patience, jusqu'à ce qu'il ait fait la première et la dernière récoltes. Ayez de la patience vous aussi, et soyez fermes, car la venue du Seigneur est proche. Frères, ne gémissez pas les uns contre les autres, ainsi vous ne serez pas jugés. Voyez : le Juge est à notre porte. Frères, prenez pour modèles d'endurance et de patience les prophètes qui ont parlé au nom du Seigneur » (Jc 5, 7-10). Ce qui est proche pour Dieu peut-être très loin pour l’homme car mille ans, à ses yeux, sont comme hier, un jour qui s'en va, comme une heure de la nuit (Ps 90). Aussi, les chrétiens attendent-ils toujours le retour du Christ. Mais rien ne sert de s’impatienter : attendre l’autre ne constitue-t-il pas une preuve d’amour ? Cet amour n’est-il pas la seule chose sur laquelle nous serons jugés sans égard à la célérité de la réalisation ni à la perfection dans l’exécution ?

 

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