Persévérance

Persévérer dans l’adversité est une grande qualité en autant que le but poursuivi ne soit pas hors d’atteinte, auquel cas on ne peut plus parler de persévérance mais d’entêtement. L’orgueil, en ce qu’il altère la perception de la réalité, constitue la principale cause de l’entêtement.

Un passage des Évangiles est très instructif au sujet de la puissance de la persévérance fondée sur la foi et l’humilité : « Une Cananéenne criait : « Aie pitié de moi, Seigneur, fils de David ! Ma fille est tourmentée par un démon. » Mais il ne lui répondit rien. Les disciples s'approchèrent pour lui demander : « Donne-lui satisfaction, car elle nous poursuit de ses cris ! » Jésus répondit : « Je n'ai été envoyé qu'aux brebis perdues d'Israël. » Mais elle vint se prosterner devant lui : « Seigneur, viens à mon secours ! » Il répondit : « Il n'est pas bien de prendre le pain des enfants pour le donner aux petits chiens. -C'est vrai, Seigneur, reprit-elle ; mais justement, les petits chiens mangent les miettes qui tombent de la table de leurs maîtres. » Jésus répondit : « Femme, ta foi est grande, que tout se fasse pour toi comme tu le veux ! » Et, à l'heure même, sa fille fut guérie » (Mt 15, 22-28). Dans un premier temps, Jésus éprouve sa foi en affirmant n’avoir été envoyé qu’aux fils d’Israël mais elle ne se laisse pas démonter pour autant :  «Seigneur, viens à mon secours ! ». Puis Jésus met à l’épreuve son humilité : « Il n'est pas bien de prendre le pain des enfants pour le donner aux petits chiens ». Les gentils comptaient pour rien pour les Juifs et la Cananéenne s’était peut-être déjà même faite traiter avec mépris de « chienne »  par ceux-ci antérieurement. Et la réponse est sublime : « C'est vrai, Seigneur, mais justement, les petits chiens mangent les miettes qui tombent de la table de leurs maîtres ». Elle avoue compter pour bien peu de chose et ne prétend avoir aucun droit ce qui va à l’encontre des valeurs de la société contemporaine où on se serait violemment objecté : « C’est injuste ! Pourquoi eux et pas nous ? Ne vaut-on pas autant qu’eux  ? … ». Non seulement est-elle humble mais brillante et fait remarquer que les convives (particulièrement les enfants), laissent tomber des miettes dont se nourrissent les chiens et demande la part des moins-que-rien, les grâces dont ne sont pas prévalus les élus auxquels elles étaient destinés. Et Jésus craque devant la persévérance de cette foi humble et lui accorde la faveur demandée à savoir la guérison de sa fille. Le psalmiste dénote, quant à lui, la puissance de l’humilité sur le cœur de Dieu : « Le désir des humbles, tu l'écoutes, Yahvé, tu affermis leur cœur, tu tends l'oreille » (Ps 10, 17).