Méditations sur les enseignements bibliques pour le quotidien d'aujourd'hui
9 Février 2011 Pensées
Propriété
Nous n'héritons pas de la terre de nos ancêtres, nous l'empruntons à nos enfants.
– Antoine de Saint-Exupéry (1900-1944)
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J’aime bien cette citation de Saint-Exupéry car elle identifie ce qui constitue la cause principale des problèmes environnementaux à savoir que nous nous considérons individuellement (d’une infime parcelle) et collectivement (d’une portion plus appréciable) comme les propriétaires de la création plutôt que les fiduciaires à qui Dieu confié la gestion de son œuvre et auquel nous devrons rendre des comptes au terme de notre course. Être propriétaire, c’est n’avoir de comptes à rendre à personne autre que soi, donc de pouvoir user des biens à sa guise, bien souvent de façon égoïste, plus pour satisfaire notre vanité que des besoins essentiels, phénomène que Thorstein Veblen (1857-1929) a qualifié de consommation ostentatoire. Plus que d’emprunter la terre a nos enfants, la surconsommation, dans un monde ou les richesses sont limitées, constitue en fait un vol commis au détriment de ceux qui ont à peine le nécessaire pour survivre.
Prophétique était la déclaration de l’apôtre Paul : « La création en attente aspire à la révélation des fils de Dieu: si elle fut assujettie à la vanité, -- non qu'elle l'eût voulu, mais à cause de celui qui l'y a soumise, -- c'est avec l'espérance d'être elle aussi libérée de la servitude de la corruption pour entrer dans la liberté de la gloire des enfants de Dieu » (Rm 8, 19-21). Le spirituel, conscient qu’il devra rendre compte à Dieu de l’utilisation des biens mis à sa disposition, en fera un usage plus responsable, à tout le moins s’il se soucie que son agir soit conforme à la foi qu’il confesse. Notamment, il partagera avec les plus défavorisés afin de respecter le principe de destination universelle des biens ainsi que l’y incite la parabole du riche et de Lazare (Lc 16, 19-31). Que la surexploitation et la dégradation de l’environnement survienne en une époque ou les valeurs spirituelles sont en déclin n’a rien d’étonnant, cela en constitue même une conséquence logique car comment pourrait-on prendre soin de l’œuvre si l’on a pas de considération pour son Créateur ? Compte tenu de l’évolution des capacités technologiques qui ont éliminé une large part des contraintes pouvant limiter l’exploitation des ressources, la modération de la consommation, si nous souhaitons laisser à nos descendants un environnement de qualité comparable à celui dont nous avons joui, devra se faire volontairement, individuellement et collectivement. Les spirituels possédant cette conscience, cela a fait dire à certains : le XXIe siècle sera spirituel ou ne sera pas.