Satisfaction des sens

Chercher à satisfaire ses passions est aussi futile que de vouloir étancher sa soif avec de l’eau salée ; les sens sont des puits sans fonds et qui s’aventure à vouloir les remplir, s’il éprouve quelque plaisir passager, a continuellement l’impression qu’il n’en faudrait qu’un peu plus pour satisfaire entièrement le désir de sa chair. Graduellement, la poursuite de cette quête sans fin l’éloigne de l’amour des autres, qui devrait pourtant être la destination recherchée, puisque seule capable d’étancher sa soif de bonheur. Cette méprise sur la fin à poursuivre, Ghandi la compare à juste titre à naviguer sur un bateau sans gouvernail et note au passage la vulnérabilité de celui qui s’engage dans cette voie d’isolement et qui risque le naufrage pour avoir renoncé aux amitiés qui auraient pu le tirer d’affaires lorsque l’aventure tournera mal.

La voie spirituelle est toute à l’opposé de la satisfaction des sens : « Si quelqu'un veut marcher derrière moi, qu'il renonce à lui-même, qu'il prenne sa croix et qu'il me suive. Car celui qui veut sauver sa vie la perdra, mais qui perd sa vie à cause de moi la gardera. Quel avantage en effet un homme aura-t-il à gagner le monde entier, s'il le paye de sa vie ? Et quelle somme pourra-t-il verser en échange de sa vie ? Car le Fils de l'homme va venir avec ses anges dans la gloire de son Père ; alors il rendra à chacun selon sa conduite » (Mt 16, 24-27). La raison en est toute simple : la satisfaction égoïste des désirs personnels est contraire à l’amour qui est la finalité de la spiritualité, Dieu étant Amour. Jésus ne manque pas d’aviser quiconque serait tenté d’imiter ceux qui semblent profiter impunément de la vie qu’il y aura éventuellement une reddition de comptes à laquelle nul ne pourra échapper et où il sera rendu à chacun selon sa conduite. À ce moment, ceux qui auront pris la croix de l’amour, et se seront renoncés à eux-mêmes en faveur de Dieu et du prochain, hériteront de la vie éternelle.