Méditations sur les enseignements bibliques pour le quotidien d'aujourd'hui
21 Juillet 2011 Pensées
Suffisance
La suffisance n'exclut pas le talent, mais elle le compromet
– Louis de Bonald (1754-1840)
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Dans la voie spirituelle, l'égoïsme, l'égocentrisme et la suffisance sont de graves défauts.
- Ostad Elahi (1895-1974)
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La suffisance, croire pouvoir se suffire à nous-mêmes sans l’aide des autres et/ou de Dieu, ou encore se penser rendus à destination, au sommet, alors que la vie n’est qu’un long cheminement dont le terme est notre dernier souffle, voilà un des pires pièges qui nous guettent. Nous sommes des êtres de relations, dépendants de Dieu et les uns des autres. Tout déni de ce besoin des autres ou du Tout-Autre altère négativement la qualité de nos relations avec eux et nous détourne conséquemment de la caractéristique fondamentale de notre nature, notre vocation à aimer. L’orgueil, en nous transmettant une image plus belle de nous-mêmes que la réalité, amenuise grandement la motivation requise pour entreprendre tout processus d’amélioration personnelle.
Jean Tauler (1300-1361) explique de la façon suivante les paroles de Jésus : « Beaucoup de prophètes et de rois ont voulu voir ce que vous voyez et ne l'ont pas vu » (Mt 13, 17) : Par prophètes, il faut entendre les grands esprits subtils et raisonneurs qui s'en tiennent à la subtilité de leur raison naturelle et en tirent vanité. Ces yeux-là ne sont pas heureux. Par rois il faut entendre les hommes à nature de maître, à forte et puissante énergie, qui sont maîtres d'eux-mêmes, de leurs paroles, de leurs œuvres, de leur langue, et qui peuvent faire tout ce qu'ils veulent en fait de jeûnes, veilles et prières. Mais ils en font grand cas, comme si c'était quelque chose d'extraordinaire, et ils méprisent les autres. Ce ne sont pas là non plus des yeux qui voient ce qui les rend heureux. Dans un cas comme dans l’autre, c’est la suffisance qui les écarte de Dieu : suffisance intellectuelle et suffisance qui résulte de ses actions, de sa richesse ou de son pouvoir. C’est vraiment en raison de l’assurance et de la suffisance qu’elle confère que la richesse constitue un obstacle obstruant la voie à celui qui souhaite accéder au Royaume des cieux : « il est plus facile à un chameau de passer par un trou d'aiguille qu'à un riche d'entrer dans le Royaume des Cieux » (Mt 19, 24). Et Tauler de poursuivre : « tout vrai bonheur vient du véritable abandon, du détachement de la volonté propre. Tout cela naît dans le fond de l'humilité... Plus on est petit et humble, moins on a de volonté propre... » et, pourrait-on rajouter, plus on désire œuvrer au bien commun, plus on souhaite se soumettre à la volonté divine.