Vérité

Celui qui se conforme aux modes du temps présent ou qui tente de justifier des actes pourtant reprochés par sa conscience, celui-là n’est pas dans la vérité car la nature des choses ne saurait varier au gré de la perception que nous nous faisons de celle-ci de la même manière qu’une expérience scientifique répétée dans des conditions identiques donnera immanquablement toujours les mêmes résultats, les lois naturelles étant immuables.

L’objet de notre quête est-il la Vérité, c’est-à-dire Dieu, vérité ultime, qu’il nous faut nous appuyer sur la Révélation qu’Il fait de Lui-même dans les écrits sacrés et qui culmine pour les chrétiens avec la venue de son Fils Jésus, qui est sa Parole ultime. Il nous a tout dit à la fois et d’un seul coup en cette seule Parole et il n’a rien de plus à dire ; car ce qu’Il disait par parties aux prophètes, Il l’a dit tout entier dans son Fils, en nous donnant ce tout qu’est son Fils. Voilà pourquoi celui qui voudrait maintenant l’interroger, ou désirerait une vision ou une révélation, non seulement ferait une folie, mais ferait injure à Dieu, en ne jetant pas les yeux uniquement sur le Christ, sans chercher autre chose ou quelque nouveauté (Jean de la Croix, Carm. 2, 22, 3-5). Si tout a été dit, tout n’a pas été nécessairement compris et il revient aux croyants de chercher  à approfondir cette Révélation au fil de l’histoire en se servant notamment des possibilités offertes par l’avancement scientifique: « " L’Économie chrétienne, étant l’Alliance Nouvelle et définitive, ne passera donc jamais et aucune nouvelle révélation publique n’est dès lors à attendre avant la manifestation glorieuse de notre Seigneur Jésus-Christ " (DV 4). Cependant, même si la Révélation est achevée, elle n’est pas complètement explicitée ; il restera à la foi chrétienne d’en saisir graduellement toute la portée au cours des siècles » (CEC 66). Gare cependant à qui s’aventurerait à en altérer le contenu et/ou considérerait comme acceptables des comportements qui vont à l’encontre de ceux qui y sont proposés : « N'allez pas croire que je sois venu abolir la Loi ou les Prophètes: je ne suis pas venu abolir, mais accomplir. Car je vous le dis, en vérité: avant que ne passent le ciel et la terre, pas un i, pas un point sur l'i, ne passera de la Loi, que tout ne soit réalisé. Celui donc qui violera l'un de ces moindres préceptes, et enseignera aux autres à faire de même, sera tenu pour le moindre dans le Royaume des Cieux; au contraire, celui qui les exécutera et les enseignera, celui-là sera tenu pour grand dans le Royaume des Cieux » (Mt 5, 17-19).

Plusieurs chrétiens, voyant leurs églises se vider, sont tenté par la compromission dans l’espoir de voir l’institution à laquelle ils disent appartenir regagner en popularité. Faut-il rappeler que l’Église n’est pas une institution politique pour chercher à s’attirer un maximum de suffrages et que sa mission n’est pas s’être populaire mais de rendre témoignage à la Vérité, vérité qui, particulièrement si elle dérange, lui attirera à priori la répulsion, personne n’appréciant se faire indiquer que sa conduite n’est pas droite. Ce témoignage de la Vérité, parfois envers et contre tous, occasionnellement scellé par le sang de ses martyrs, constitue le meilleur gage de la survie et de l’accroissement de l’Église du Christ avec la promesse faite par celui-ci à l’apôtre Pierre : « Tu es Pierre, et sur cette pierre je bâtirai mon Église ; et la puissance de la Mort ne l'emportera pas sur elle » (Mt 16, 8).

La fidélité de l’Église à la Vérité, la stabilité de son enseignement, peuvent même être cause de conversion  ainsi que le démontre le récit de la conversion d’Adolphe Retté rapporté dans le livre Quand le ciel s’ouvre d’Angelo Comastri :

Un fait existe, c’est que depuis qu’il y a des hommes pour se poser le problème du : “Pourquoi sommes-nous mis au monde ?”, cent religions et autant de philosophies ont tenté de le résoudre. Elles ont varié sans cesse, suivant les milieux, les circonstances, les modes et surtout suivant les caprices de l’esprit humain. Des croyances sont nées, se sont développées, ont péri. La raison et la science se sont évertuées à donner une explication de l’univers. Jamais elles n’ont réussi à rien établir de stable puisque telle hypothèse, tenue hier pour la vérité, est remplacée aujourd’hui par une hypothèse nouvelle qui demain sera détrônée par une autre conjecture […]. Or il faut reconnaître que seule, parmi cette versatilité perpétuelle, l’Église catholique demeure immuable. Ses dogmes ont été posés dès sa fondation. On les trouve déjà en substance dans les Évangiles […]. Donc l’Église n’ayant jamais varié, son unité, sa constance, doivent avoir une cause plus qu’humaine, puisque l’humanité livrée à elle-même n’est que changement. Oui, continuai-je, tout heureux d’avoir aperçu un flambeau dans les ténèbres, l’Église doit détenir la vérité consolatrice et salvatrice. Et si elle la détient, comme elle déclare procéder d’une révélation divine, c’est donc que Dieu existe ! (Adolphe Retté, Du Diable à Dieu : Histoire d’une conversion, A. Messein, 1907, p. 78-80).